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Une mission photo chasse l’autre

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 773 mots

La création par Fleur Pellerin d’un Conseil national de la photographie annonce la fin de la Mission Photo et révèle la faible efficacité de la politique photo du ministère.

PARIS - L’annonce par Fleur Pellerin, lors de l’inauguration des Rencontres d’Arles, de la création d’un Conseil national de photographie avant la fin 2015 n’a guère provoqué de réactions au sein de la profession, ni des institutionnels ; si ce n’est, chez certains, un agacement. Ses missions, « s’emparer de sujets comme l’évolution de la protection sociale, du droit de la propriété intellectuelle ou ayant à trait à la fiscalité », n’ont rien de très nouveau puisque ces questions ne cessent d’être débattues sans déboucher sur des actions concrètes. Lors de la création de la Mission de la photographie par Frédéric Mitterrand, en mars 2010, n’étaient-elles pas au cœur des préoccupations avec la gestion des fonds photographes ?

Quatre groupes de travail, constitués chacun autour d’une problématique, avaient été alors réunis plusieurs fois sous l’égide de la Mission photo. Les différents acteurs avaient apporté leur éclairage et débattu de l’évolution de la photographie comme de la situation économique et sociale de ses auteurs. Rattachée initialement au cabinet du ministre avant de passer à la direction générale des Patrimoines, la Mission photo – « structure légère d’impulsion et de coordination » pour reprendre les termes du communiqué sur le site du ministère – a quant à elle pour vocation, entre autres, de « suivre les contacts nécessaires avec l’ensemble des professionnels concernés par le devenir de la photographie ». Trois personnes y travaillent : Daniel Barroy, chef de la Mission ; Sandrine Maheu, inspectrice et conseillère à la création ; et Isabelle Lemee, responsable scientifique. À leur actif depuis cinq ans : la création du portail Arago, du Fonds d’aide à la photographie documentaire contemporaine et la constitution  d’un Observatoire du photojournalisme qui sommeille cependant depuis quelque temps. Le bilan sur cinq ans de la Mission est donc maigre, bien que tous trois  soient devenus pour la profession, surtout les photojournalistes, les personnes référentes du ministère.

Un « parlement » de la photographie
Comment faut-il donc interpréter la création de ce Conseil national de la photographie qui s’organisera « en un bureau et deux collèges, un collège des professions, et un collège scientifique et de l’observation, qui rassemblera notamment les grands opérateurs publics acteurs de la conservation et de la diffusion de photographies » ? Est-ce la fin de la Mission photo ? Ou du moins son absorption ou dilution dans cette nouvelle instance, en sachant que 24 heures avant la conférence de presse des Rencontres d’Arles en avril dernier Rue de Valois, il avait été décidé de la supprimer avant de revenir sur cette décision. En interne les avis sont contrastés sur son maintien. « La première étape », dit-on Rue de Valois, est de « constituer le Conseil national de la photographie, sorte de parlement de la photographie établi sur le modèle du Conseil national des professions du spectacle, lieu de débats et de confrontation. C’est à la Direction générale de la direction artistique d’en organiser le travail, l’animation du bureau en lien avec d’autres directions ». Demeure aussi à éclaircir comment s’articuleront le Conseil national de la photographie et le Conseil national des arts visuels, mais aussi la photographie ventilée au sein du cabinet entre Laurent Dréano (conseiller chargé du spectacle vivant, de la musique et des arts plastiques), David Zivie (en charge du patrimoine et de l’architecture) et Jérôme Bonnet (chargé des métiers de la presse et de l’information, de l’éducation aux médias et de la diversité). À Visa pour l’Image, qui se déroule à Perpignan jusqu’au 13 septembre, l’annonce par Fleur Pellerin du lancement par le ministère d’une campagne photographique du Grand Paris sur le modèle de celui de la Datar n’attend plus, elle aussi, qu’à connaître le visage de ses organisateurs. D’ici la fin de l’année on devrait, peut-être, y voir plus clair.

Un nouveau centre de photojournalisme

La création du Centre international du photojournalisme annoncée lors de la conférence de presse de Visa pour l’Image au printemps dernier par le président du festival Jean-Paul Griolet et soutenue par le maire de Perpignan et Jean-François Camp P.-D.G. de Central Dupon Images, partenaire du festival, bénéficiera du soutien du ministère de la Culture. Reste encore à préciser la hauteur de sa participation au budget prévisionnel (700 000 euros), si participation il y a au-delà du soutien verbal. Ce centre devrait ouvrir d’ici septembre 2016 un lieu de conservation de fonds de photographies, d’études et d’apprentissage liés au photojournalisme. D’ores et déjà, 400 m2 du couvent des Minimes lui sont réservés par la municipalité.

Légende photo

Fleur Pellerin, lors des Rencontres d'Arles, juillet 2015. © Photo : Marion Baldi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : Une mission photo chasse l’autre

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