Arts d’Asie

Les pièces certifiées attirent les acheteurs asiatiques

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 16 juin 2015 - 768 mots

Des lots issus de collections privées françaises et des objets nouveaux sur le marché ont fait le succès des ventes parisiennes, notamment auprès des acheteurs chinois rassurés sur leur provenance.

PARIS - Il faut se rendre à l’évidence, les Chinois raffolent des pièces de qualité qui surgissent sur le marché après un long séjour  dans des familles françaises. « Cela les rassure car en Chine, il y a beaucoup de faux », indique Tiphaine Nicoul, spécialiste du département art d’Asie chez Christie’s Paris.

À elles deux, Christie’s et Sotheby’s ont totalisé 31,6 millions d’euros et après une accalmie, les sommets des années 2010-2011 ne sont plus loin. Pourquoi un tel engouement ? « Non seulement les Chinois veulent rapatrier en Chine leurs biens, mais c’est aussi une façon de spéculer (il y a de plus en plus de milliardaires). Or les gros prix attirent les investisseurs et vice et versa. C’est un cercle vertueux », commente Tiphaine Nicoul.

Chaque session de la semaine a obtenu entre 70 et 75 % de taux de vente, une moyenne habituelle pour cette catégorie. Les lots n’ayant pas trouvé preneur étaient modestes car le marché recherche des lots de grande qualité. Christie’s remporte la majorité des suffrages et récolte un total de 19,3 millions d’euros (est. 5,5 à 8 millions d’euros), un record pour une vente d’art asiatique en France. Trois œuvres ont dépassé le million d’euros, avec en tête, Cinq cents Luohan, un rouleau attribué à Gu Quan, peintre de cour actif sous le règne de Qianlong, XVIIIe siècle, qui s’est envolé à 5,6 millions d’euros (est. 80 000 à 120 000 euros). « Si le rouleau a atteint ce prix, c’est que plusieurs acheteurs pensaient que c’était bien de la main de l’artiste. Nous, spécialistes, nous restons prudents, car le marché est très compliqué et nous préférons prendre des précautions dans les attributions », explique Tiphaine Nicoul pour justifier l’estimation initiale. La deuxième place revient à un bol couvert en jade blanc, dynastie Qing, époque Qianlong, XVIIIe, provenant de la collection du baron Jean-Baptiste Louis Gros,  adjugé 3 millions d’euros (est. 120 000 à 180 000 euros). Sur la troisième marche du podium, une peinture de Fu Baoshi (1904-1965), Lecture dans la montagne, achetée par un marchand asiatique 1 million d’euros (est. 400 000 à 600 000 euros). Tous les lots phare ont donc trouvé preneur excepté un brûle-parfum tripode couvert en émaux cloisonnés (est. 150 000 à 200 000 euros) suite à une estimation trop forte.

L’art bouddhiste recherché

La veille, Artcurial organisait une vente plus modeste avec un produit s’élevant à 1,6 million d’euros (est. 700 000 à 800 000 euros). 74 % des lots ont trouvé preneur, dont un groupe en zitan sculpté en ivoire représentant un lion bouddhique et son petit, dynastie Qing, époque Qianlong qui a été adjugé 392 400 euros (est. 20 000 à 30 000 euros). Le lendemain, Sotheby’s réalisait un bon score, totalisant 12,4 millions d’euros (est. 3,5 à 5 millions d’euros), le double de l’an passé, avec un pourcentage de vente de 75,5 % et douze lots au-dessus de 200 000 euros. L’art bouddhiste est toujours très demandé, ainsi que le démontre la vente d’une statuette de Vairocana en bronze doré, dynastie Ming XVe, adjugée 3,4 millions d’euros  (est. 300 000 à 500 000 euros). Un vase couvert en jade céladon, dynastie Qing, époque Qianlong, XVIIIe, a trouvé acquéreur à 627 000 euros (est. 150 000 à 250 000 euros). En revanche, et figurant parmi les lots phare, une statuette de Bodhisattva Guanyin en bronze doré est restée sur le carreau (est. 250 000 à 350 000 euros). Belle surprise de la semaine également, un sceptre Ruy en jade blanc, période Jiaqing (1796-1820) a été adjugé 1,5 million d’euros (est. 40 000 à 50 000 euros), au cœur d’une bataille d’enchères entre sept collectionneurs chinois.

Pour la plupart de ces ventes, et c’est flagrant chez Christie’s, les acheteurs sont à 75-80 % asiatiques. Ce pourcentage est en continuelle augmentation. Au début des années 2000, les enchérisseurs étaient essentiellement anglo-saxons, européens ou en provenance de Hongkong mais désormais, les Chinois de Chine continentale sont très présents.

Note

(1) Les résultats de vente sont indiqués frais compris, tandis que les estimations sont hors frais.

ARTCURIAL, 8 JUIN
Résultat : 1,6 M d’€
Estimation : 700 000 €
Taux de vente : 74 %

SOTHEBY’S, 10 JUIN
Résultat : 12,4 M d’€
Estimation : 3,5 à 5,2 M d’€
Taux de vente : 75,5 %

CHRISTIE’S, 11 JUIN
Résultat : 19,2 M d’€
Estimation : 5,5 à 8 M d’€
Taux de vente : 71 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°438 du 19 juin 2015, avec le titre suivant : Les pièces certifiées attirent les acheteurs asiatiques

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