Musée

Rénovation

Le musée de Valenciennes s’offre un lifting

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 19 mai 2015 - 709 mots

VALENCIENNES

Fermé pendant une année, le Musée des beaux-arts fait peau neuve et place Carpeaux au centre de son parcours. L’arrivée d’un nouveau Watteau dans sa collection célébrera en septembre sa réouverture.

VALENCIENNES - Du plafond au parquet, le Musée des beaux-arts de Valenciennes s’offre une petite cure de jouvence, vingt ans après sa dernière réouverture qui avait vu un lifting complet du bâtiment et l’accès à de nouveaux espaces en sous-sol. Le quadrilatère aux façades de briques et de calcaire, couronné d’une verrière rappelant celle du Petit Palais à Paris, inauguré en 1909, souffrait d’infiltrations d’eau et d’un traitement de l’air défaillant. Un risque trop important pour les œuvres du musée qui abrite un très beau fonds de peintures baroques flamandes, issu des saisies révolutionnaires. Parmi celles-ci, les œuvres provenant notamment de la collection de la famille de Croÿ permettent aujourd’hui au musée de compter sur ces cimaises un Saint Jacques et le magicien Hermogène, longtemps attribué à Jérôme Bosch – maintenant reconnu comme une œuvre d’un suiveur –, un portrait majestueux d’Elisabeth de France par Frans II Pourbus, et bien sûr, le Triptyque de Saint Étienne, de Rubens, saisi dans l’abbaye de Saint-Amand.

Une scénographie plus pédagogique
« Il s’agissait en priorité d’un chantier sur la climatisation et la ventilation, le traitement des eaux extérieures avec la rénovation des chéneaux en façade et le nettoyage des verrières pour garantir la sécurité des œuvres », explique Véronique Beaussart, attachée de conservation au musée. « Et la muséographie devait être repensée, dans l’idée d’un parcours plus pédagogique en rassemblant les sculptures et les esquisses de Carpeaux, disséminées dans les salles : il a fallu, de fait, entièrement revoir le parcours ».

L’accrochage dans les salles, qui se déploient autour d’une rotonde centrale, a donc été détricoté pour offrir au visiteur un espace central entièrement dédié à Jean-Baptiste Carpeaux, natif de la ville. Pour cela, il a fallu ôter un des principaux ajouts de la rénovation de 1995 : sous la rotonde, la grande colonne métallique tapissée de lierre synthétique a été déposée et le garde-corps de l’escalier central servira de socle pour une galerie de bustes du sculpteur valenciennois. Une scénographie revue et corrigée par l’architecte Loretta Gaïtis qui prépare des socles plus intimes et à hauteur de vue pour les plâtres monumentaux. Le salon Carpeaux, autrefois relativement dissocié de la rotonde, intègre le parcours dévolu au sculpteur en présentant petites œuvres et œuvres graphiques. Surtout, la couleur vert mentholé trop présente de l’ancienne disposition a été remplacée par un gris taupe qui magnifie l’espace sous verrière. Les parquets, un peu fatigués, sont remplacés à l’identique, mais attention, la scénographie ne touche pas aux petits cartels en cuivre des tableaux, certes un peu désuets mais qui cadrent bien avec l’esprit du lieu. Pendant les travaux, les œuvres ont toutes été déplacées, à l’exception des grandes machines de Rubens, intransportables. Certaines œuvres sont en restauration, à l’image de La Sainte Parenté de Marten de Vos (1532-1603), une huile sur bois : une opération imprévue, mais qui au regard de l’état de l’œuvre s’imposait. La restauration dans les ateliers du C2RMF à Versailles a été financée par une souscription des Amis du musée.

Inauguration sous l’égide de Watteau
Le raccrochage commencera en juillet, pour une ouverture du musée le 24 septembre : l’exposition inaugurale consacrée à Antoine Watteau et intitulée « Rêveries italiennes, Antoine Watteau et les paysagistes français au XVIIIe siècle » célèbre l’entrée au musée d’une nouvelle œuvre du peintre. La chute d’eau, redécouverte en 2009 en salle des ventes, est un des rares paysages de l’autre grand artiste natif de Valenciennes. La toile offerte au Musée du Louvre par un donateur privé avec obligation d’un dépôt permanent au Musée des beaux-arts de Valenciennes sera la cinquième œuvre du peintre au musée : lorsqu’on sait que son corpus peint ne compte qu’une centaine d’œuvres, la collection du musée s’enrichit donc d’une pièce rare.

Une réouverture que ne chapeautera pas Emmanuelle Delapierre, conservatrice en chef du musée pendant dix ans, arrivée en mars à la tête du Musée des beaux-arts de Caen. Hasard de calendrier et de parcours, elle succède une nouvelle fois à Patrick Ramade, parti en 2004 à Caen après avoir préparé une exposition sur… Watteau. L’histoire se répète.

Musée des Beaux-arts de Valenciennes

Surface totale du musée : 4 400 m2
Nombre d’œuvres redéployées : environ 400
Scénographie : Loretta Gaïtis
Coût des travaux : environ 3 millions d’€ (Ville de Valenciennes)

Légende photos
Le musée des beaux-arts de Valenciennes lors des travaux de rénovation. © Ville de Valenciennes.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°436 du 22 mai 2015, avec le titre suivant : Le musée de Valenciennes s’offre un lifting

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