Brésil : ministère amer

Le ministère de la Culture est critiqué par la Cour des comptes

À peine nommé, aussitôt accusé. Le nouveau ministre de la Culture, Juca Ferreira (lire le JdA n° 427), doit faire face aux accusations de celle qu’il a remplacée au ministère, Marta Suplicy. Cette dernière dit avoir transmis à la Cour des comptes brésilienne (CGU) des documents qui relèvent des irrégularités lors de la première mandature de Juca Ferreira, entre 2010 et 2012. Un épisode de plus dans le règlement de compte politique entre deux ennemis historiques au sein du Parti des travailleurs de Dilma Rousseff, la présidente fraîchement réélue.

Selon le quotidien A Folha de São Paulo, les faits dénotent un mal plus profond au ministère de la Culture. En 2011, la CGU demande un audit, peu après le départ de Juca Ferreira (Ana de Holanda est alors en poste et a conservé une partie de l’équipe de son prédécesseur). Lorsqu’elle arrive au ministère en 2012, Marta Suplicy se sépare d’une conseillère audiovisuelle héritée de Juca Ferreira, responsable selon elle de plusieurs appels d’offres irréguliers avec des institutions du secteur. Deux ans après, alors que Marta Suplicy quitte avec fracas le ministère qui voit le retour en grâce de Juca Ferreira, la CGU demande des documents complémentaires pour clore son enquête – que la ministre envoie avec zèle et qui confirment les irrégularités. Mais l’annonce médiatique est contrebalancée par celle d’une autre enquête financière, sur le même ministère, portant cette fois entre autres sur la mandature de Marta Suplicy, où l’on apprend que ce sont, depuis plusieurs années, près de 50 % des contrôles qui ne sont pas réalisés sur le principal mécanisme de financement du cinéma – et de la culture – au Brésil, la loi Rouanet (voir JdA n° 414, mai 2014).

Au-delà des aléas politiques et judiciaires, cet épisode montre que les mécanismes de financement de la culture au Brésil sont encore en construction. Le développement du secteur ces dernières années n’a pas été suivi par une professionnalisation et une simplification réglementaire à même de le pérenniser. C’est un défi dont le nouveau ministre a conscience, mais que ce début de mandature ne contribue pas à aborder de la meilleure des manières.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Brésil : ministère amer

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque