Cinéma

Berlinale, un bon cru

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 25 février 2014 - 494 mots

La 64e édition du festival du film de Berlin a fait la part belle au monde de l’art.

BERLIN - La 64e édition du festival du film de Berlin, qui s’est tenue du 6 au 16 février, a récompensé le Chinois Diao Yinan. Si le film Monuments Men, de George Clooney, présenté hors compétition, était particulièrement attendu, comme chaque année, les amateurs d’art ont trouvé leur compte dans les sections parallèles du festival, Forum, Panorama et principalement Forum Expanded, dédiée aux films expérimentaux. Cette dernière section accueillait cette année des poids lourds du monde de l’art : Yael Bartana et Omer Fast.

Dans Inferno, œuvre qui sera présentée à la Biennale de Sydney, Yael Bartana se livre non pas à une reconstitution, mais à ce qu’elle nomme elle-même une « préconstitution » historique. Elle anticipe un événement réel, la construction d’une réplique du temple de Jérusalem par une secte brésilienne à São Paulo, ainsi que sa destruction inéluctable, puis imagine comment ses ruines pourraient devenir un futur lieu de pèlerinage et d’attraction touristique inspiré du mur des lamentations à Jérusalem. Les scènes d’anéantissement du temple, inspirées par des toiles du XVIIIe siècle figurant la destruction du second temple de Jérusalem, prenaient toute leur ampleur sur l’immense écran Imax.

Omer Fast, quant à lui, s’est montré plus sceptique sur l’intérêt de montrer son œuvre sur grand écran. Conçue comme une installation, montrée à la foire de Frieze Londres, Everything that rises must converge est une œuvre qui se penche sur l’industrie pornographique. L’artiste suit simultanément quatre acteurs de films pour adultes, du réveil au coucher. Deux d’entre eux sont père et mère de famille. Omer Fast explique que les organisateurs de Frieze avaient demandé l’édification d’un mur autour de l’œuvre, pornographie et foire d’art contemporain ne faisant pas bon ménage. Il appréciait la présence physique de l’œuvre montrée sur quatre écrans séparés, mais n’a toutefois pas pu se prononcer sur la validité de son œuvre sur grand écran, puisqu’il n’a pas assisté à la projection. « Mes œuvres sont comme mes relations avec mes ex-petites amies. Une fois terminées, il faut tourner la page et passer à autre chose », a-t-il expliqué.

Deux documentaires ont par ailleurs créé l’événement lors de la Berlinale. Cathedrals of Culture, conçu en 3D par Wim Wenders, donne la parole à six cinéastes. Chacun explore l’architecture d’un bâtiment érigé en temple de la culture. Le réalisateur brésilien Karim Ainouz se penche sur le Centre Pompidou, s’attardant notamment sur la collection permanente du musée et l’exposition Pierre Huyghe. Das große Museum, le grand musée, du cinéaste allemand Johannes Holzhausen, observe les coulisses du Musée d’histoire de l’art de Vienne, du plus trivial, l’époussetage des vitrines ou l’arrachage des mauvaises herbes du bâtiment, au plus pointu, la conservation et le stockage des œuvres, ou bien encore les tentatives manquées d’acquisition lors d’une vente aux enchères, faute de fonds suffisants. Ce documentaire plein d’humour, à ne manquer sous aucun prétexte, sortira en France d’ici la fin de l’année ou courant 2015.

Légende photo

Affiche officielle de la 64e Berlinale, design BOROS Agency @ Internationale Filmfestspiele Berlin

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°408 du 28 février 2014, avec le titre suivant : Berlinale, un bon cru

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