Art contemporain

Bacon, star des ventes londoniennes

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2014 - 876 mots

Présenté chez Christie’s, un tableau de Bacon règne sur les ventes de Londres dont les estimations musclées voudraient surpasser le record de 2008.

LONDRES - Un léger parfum new-yorkais flotte sur les ventes d’art contemporain de Londres. Les résultats sans pareils enregistrés aux États-Unis en novembre dernier planent sur ces vacations de février, dont les estimations ont été musclées par rapport à 2013. Déjà l’an dernier, le cumul de Sotheby’s et Christie’s (157 millions de livres frais compris) avait dépassé de 20 % celui de 2012. Cette année, ce sont 157 à 199 millions de livres (1) qui sont attendues pour les deux maisons, un nouveau bond qui pourrait dépasser le record de 2008 (cumul de 168 millions de livres frais compris). Et comme à New York, c’est encore Bacon, présenté chez Christie’s, qui est la star incontestée de cette saison. La comparaison s’arrête là.« Londres donne une bonne dimension du marché : il s’agit de ventes solides et dans le monde réel. Il y a de très bonnes pièces, à des prix accessibles, et dans ce marché où il y a plus d’intervenants, les maisons peuvent arbitrer », analyse Stefano Moreni, directeur du département art contemporain de Sotheby’s Paris.

Depuis 2011, Christie’s domine Sotheby’s, avec une imposante estimation de 87 à 107,5 millions de livres (105,4 à 130,2 millions d’euros). Pour sa vente du soir, la maison de vente parie à nouveau sur le blockbuster Bacon attendu aux alentours de 30 millions de livres, un tiers du résultat escompté. Datée de 1966, au cœur de la meilleure décennie du peintre, la toile est un portrait assis de George Dyer, à la fois ami, amant, muse et confident de l’artiste. Acquise en 2000 chez Christie’s New York pour 7,6 millions d’euros frais compris, l’huile promet une belle plus-value à son propriétaire. La maison, dopée par ses derniers résultats new-yorkais, espère atteindre un nouveau record pour l’artiste, pour une toile seule. « Pour le triptyque, six collectionneurs ont enchéri au-dessus de 100 millions de dollars, montrant à la fois la forte demande mondiale (…) dans le marché de l’art aujourd’hui et le grand intérêt pour cet artiste », explique Francis Outred, responsable de l’art contemporain pour l’Europe. De Jeff Koons, la maison propose Cracked Egg (Magenta), un œuf ouvert de 2 m de haut issu de la célèbre série « Celebration », aux côtés de ses Tulips ou Balloon Dog (est. 10-15 millions de livres). Parmi les lots phare de cette vente plus sélective qu’à l’accoutumée, on repère également Abstraktes Bild (1989), toile ultra-colorée de Richter, très représentative de sa technique (est. 16 millions de livres) ou Chant 2, de Bridget Riley, présenté à la Biennale de Venise de 1968 (est. 2,5 à 3,5 millions de livres).

Sotheby’s  réplique avec des valeurs sûres
Chez Sotheby’s, ce sont 70 à 92 millions de livres (85 à 111 millions d’euros) qui sont attendues pour une vente du soir mettant à l’honneur des artistes installés sur le marché. Une belle toile de Richter, Wand (Wall) de 1994, se distingue (est. 15 millions de livres). « La toile est très spécifique dans la production de Richter, c’est une référence directe au travail de Rothko avec lequel il se confrontait, et à la technique du sfumato qu’il utilise cependant de façon très différente », indique Stefano Moreni. Sotheby’s a établi le record en mai dernier à New York pour l’artiste et a longtemps conservé l’œuvre avant qu’elle ne passe en main privé, il s’agit aujourd’hui de sa première apparition en vente publique. De Cy Twombly, la maison propose Untitled (Rome) entre 5 et 7 millions de livres, une toile de grandes dimensions datant de 1964, présentant le vocabulaire de l’artiste dans une composition assez classique. « Twombly est l’un des cinq artistes les plus importants de l’après-guerre, mais il reste sous estimé. Il est parti en 1959 pour l’Europe et, pendant longtemps, n’a pas bénéficié d’un vrai marché aux États-Unis. Aujourd’hui les prix records à New York ou l’achat de cinq de ses œuvres par le MoMA montrent qu’il y a une vraie dynamique », explique Stefano Moreni. Se détachent également au sein de la vente un portrait de l’extravagante Lady Lambton par Lucian Freud (est. 2,5 à 3,5 millions de livres) – « dont le sujet confère au tableau une intensité particulière », précise Stefano Moreni –, un Mao d’Andy Warhol de 1973 (est. 5,5 à 7,5 millions de livres) ou encore Tenor de Jean-Michel Basquiat (est. 3,8 à 4,8 millions de livres).

Note

(1) Tous les prix hors frais sauf indications contraires

CHRISTIE’S - ART CONTEMPORAIN ET D’APRÈS-GUERRE (vente du soir)

Le 13 février à 19h, Christie’s, 8 King Street, St. James, Londres, exposition publique : 8 et 9 février 12h-17h, 10 et 13 février 9h-17h, 11 et 13 février 11h-16h ; tel. 01 40 76 85 88, www.christies.com

Expert : Francis Outred
Estimation : 87-107,5 millions de £ (105,4-130,20 millions d’€)
Nombre de lots : 49

SOTHEBY’S - ART CONTEMPORAIN

Le 12 février à 19h, Sotheby’s, 34-35, New Bond Street, Londres, Angleterre, exposition publique : 8 et 9 février 12h-17h, 10 février 9h-17h, 11 février 9h-19h, 12 février 9h-12h, tel : 01 53 05 53 05, www.sothebys.com

Expert : Cheyenne Westphal
Estimation : 70,2-91,6 millions de £ (85-110,90 millions d’€)
Nombre de lots : 59

Légende photo

Francis Bacon (1909-1992) - Portrait of George Dyer Talking (1966) - Huile sur toile - 198,2 x 147,3cm - Painted in 1966 - Estimation aux alentours de 30 M£ - Vente vendredi 13 février 2014 chez Chritie's à Londres - © Photo Christie's Images Limited

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Bacon, star des ventes londoniennes

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