Tableaux anciens

New York regarde aussi le passé

Christie’s et Sotheby’s déroulent différentes tactiques pour attirer les acheteurs d’art ancien

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2014 - 461 mots

Avec une fourchette d’estimations similaire à l’an passé (130 à 190 millions de dollars, 95,5 à 139,6 millions d’euros), Christie’s et Sotheby’s rodent leur stratégie : quand des tableaux étonnants se présentent, elles poussent les estimations.

NEW YORK -  « À New York, plus c’est cher, plus certains sont prêts à payer, alors ça change la donne ! », souligne Nicolas Joly, expert en tableaux anciens. Et pour le coup, Christie’s prend des risques. Dans sa vente « Renaissance » du 29 janvier, elle livre aux enchères le Livre d’Heures Rothschild, entré dans la collection de la famille au XIXe siècle. Cet ouvrage a été réalisé pour l’un des membres de la famille des Habsbourg, vers 1505, avec la collaboration d’artistes comme Gerard Horenbout, Gerard David et Simon Bening. Vendu à un collectionneur privé en 1999 pour 13,4 millions de dollars, il est estimé aujourd’hui 12 à 18 millions de dollars. Ses 67 miniatures en pleine page présentent des scènes de la Bible et de riches illustrations de la vie paysannes. Parmi les autres œuvres majeures, citons un Autoportrait d’Artemisia Gentileschi qui devrait séduire (est. 3 à 5 millions de dollars), et l’Adoration des Bergers, de Jacopo Bassano, à l’estimation astronomique de 8 -12 millions de dollars.

Avec « Important Old Master Paintings and Sculpture », programmée le lendemain, Sotheby’s est plus prudente. « Ses estimations sont plus justes, avec une sélection faite pour le goût américain », commente Nicolas Joly. L’auctionneer propose un important groupe de peintures de l’âge d’or hollandais, avec une œuvre de Jacob Ochtervelt, Un enfant et sa nurse à l’intérieur d’une élégante maison de ville… (est. 3 à 4 millions de dollars), « en parfait état », confie Pierre Etienne, directeur du département tableaux anciens. Relevons également Un joyeux groupe derrière une balustrade avec un joueur de violon et de luth, de Gerrit van Honthorst (est. 2 à 3 millions de dollars), pas vu sur le marché depuis 1883. En novembre 2013, la National Gallery de Washington avait  acquis auprès d’un particulier, du même artiste, Le Concert, pour une somme autour de 20 millions de dollars. Du côté de la peinture française, Sotheby’s propose deux œuvres de la collection Resnick : Deux jeunes filles jouant sur un lit avec un chien, (v. 1770), de Fragonard, vendue chez Sotheby’s Londres en 2006 pour 4 millions de dollars prix marteau (est. 6 à 8 millions de dollars), et le Sommeil de Vénus, de Boucher, charmant tableau ovale estimé 2,5 à 3,5 millions de dollars. Reste à voir si le marché est prêt à absorber toutes ces œuvres.

Renaissance, le 29 janvier, 10h et 14h, Christie’s, New York

Important Old master Paintings and Sculpture, 30 janvier, Sotheby’s, New York

CHRISTIE’S, 29 JANVIER

Expert : Nicholas Hall
Estimation : 50,1 à 76,8 millions d’€
Nombre de lots : 137

SOTHEBY’S, 30 JANVIER

Expert : George Wachter
Estimation : 40,6 à 58 millions d’€
Nombre de lots : 279

Légende photo

Gerrit Van Honthorst, Joyeux groupe derrière une balustrade avec un joueur de violon et de luth, huile sur toile, 99,4 x 138,5 cm, estimation : 2 000 000 - 3 000 000 dollars, vente du 30 janvier, Sotheby's, New York. © Sotheby's/ArtDigital Studio.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°405 du 17 janvier 2014, avec le titre suivant : New York regarde aussi le passé

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