Loyrette quitte le Louvre

Questions après le départ d’Henri Loyrette

Deux semaines après l’inauguration du Louvre-Lens, le président-directeur général du Louvre annonçait qu’il ne briguerait pas de cinquième mandat soulevant ainsi de multiples interrogations et spéculations

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2013 - 791 mots

Le président-directeur général du Musée du Louvre a créé la surprise en annonçant qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat à la tête de l’établissement public. Ce départ intervient juste après l’inauguration du département des Arts de l’Islam et du Louvre-Lens, mais avant l’ouverture du Louvre Abou Dhabi, et ce alors que le budget global du musée parisien est en baisse.

PARIS - Quelles seront les prochaines fonctions d’Henri Loyrette et quel sera le nom du prochain président-directeur général du Louvre ? Ce sont les deux questions immédiatement posées après l’annonce surprise par communiqué du musée, du 17 décembre dernier, qu’Henri Loyrette n’était pas candidat à sa propre succession. Il est fort probable qu’il faudra attendre la conférence de presse, prévue début mars, et au cours de laquelle il « présentera un bilan détaillé de ses douze années passées à la tête du musée » pour en savoir davantage sur le devenir de la carrière du patron du plus grand musée du monde qui, par « choix personnel », et non par demande du gouvernement, « souhaite se consacrer à de nouvelles activités et laisser le Louvre ouvrir une nouvelle page de son histoire ».

À moins qu’il ne préfère attendre que le ministère de la Culture et de la Communication annonce le nom de son successeur pour dévoiler à son tour ses nouvelles fonctions, auxquelles la présidence de la République a réfléchi dès qu’elle fut informée par Henri Loyrette – elle le fut avant Aurélie Filippetti – de sa décision de ne pas être candidat à un cinquième mandat. D’autant que le président-directeur de Louvre n’a pas caché, lors de son entretien à l’Élysée, que des offres à l’étranger lui ont été proposées. À l’Élysée comme à Matignon, on confie qu’« eu égard à son rang, un poste d’ambassadeur ou dans un grand corps de l’État lui sera proposé ». Et chacun d’affirmer que « l’État ne doit en aucun cas le laisser partir », tandis qu’Aurélie Filippetti dans un communiqué diffusé le mercredi 19 décembre en fin de journée – et relativement tardif, le ministère se montrant bien plus prompt lors du passage à trépas d’une personnalité du monde culturel – saluait « l’action remarquable d’Henri Loyrette à la tête du Musée du Louvre ».

Un bilan à la hauteur de ses ambitions
Au-delà du panache et du coup d’éclat de sa décision, Henri Loyrette se retirera en effet à 60 ans après une année 2012 particulièrement fastueuse (inauguration des nouveaux espaces des arts de l’Islam et du Louvre-Lens, signature d’un nouveau partenariat de cinq ans avec les musées des beaux-arts de San Francisco) et un nouveau record historique de fréquentation du Louvre avec près de 10 millions de visiteurs contre 8,8 millions en 2011. Son mandat se clôturera fin avril avec l’ouverture le 28 mars prochain au Louvre de l’exposition « De l’Allemagne, 1800-1939 », dont il assure le commissariat général avec Andreas Beyer, directeur du Centre allemand d’histoire de l’art de Paris. Il reste qu’en quittant l’institution qu’il a engagée dans un déploiement sans précédent et ramenée à son universalité fondatrice, Henri Loyrette laisse effectivement « le Louvre écrire une nouvelle page de son histoire » et à son prochain président-directeur général – obligatoirement un conservateur, comme le stipulent les textes de l’établissement public – la délicate mission de poursuivre, ses ambitions, notamment en ce qui concerne le Louvre Abou Dhabi dont l’ouverture est prévue en 2015.

Une charge ou un leg ?
On peut deviner que l’homme ou la femme qui succèdera à Henri Loyrette, devenu en douze ans une des personnalités les plus influentes de l’art et les plus redoutées, aura été adoubé, voire suggéré par ses soins. Tout comme lui-même, ancien directeur du Musée d’Orsay de 1994 à 2001 le fut par Pierre Rosenberg son prédécesseur au Louvre, et Pierre Rosenberg par Michel Laclotte, premier directeur du Louvre. Il ou elle devra faire face à un budget en baisse de l’ordre de 2,5 % avec un prélèvement envisagé sur son fonds de roulement de 36 millions sur trois ans, conduisant à une programmation à la voilure diminuée et à un rééchelonnement du calendrier prévu pour le réaménagement du hall d’accueil sous la Pyramide qui devrait répondre à la hausse de fréquentation du musée. La question de l’extension du Louvre dans l’hôtel de la Marine reste, quant à elle, conditionnée par un départ de la Marine à Balard, de même que la création de réserves à Cergy-Pontoise pour délocaliser celles du musée en partie en zone inondable demeure en suspens depuis l’abandon partiel par le ministère de la Culture de ce projet. Ministère qui aimerait bien reprendre la main sur une institution qui lui a échappé tout en sachant le rôle de l’Élysée sur cette question.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : Questions après le départ d’Henri Loyrette

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