Entretien

Olivier Poivre d’Arvor, directeur de l’agence CulturesFrance

« On repart de zéro »

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2006 - 473 mots

Pourquoi cette agence a-t-elle tant tardé à voir le jour ?
Il fallait trouver le soutien politique à ce genre de réforme. Il y a un énorme héritage immobilier, statutaire, juridique. L’administration aime administrer la culture, sans déléguer. Nous étions arrivés à une fin de parcours avec la fermeture de centres culturels, la baisse des crédits. Il a fallu des situations d’urgence, la perte des parts de marché pour saisir la nécessité d’une agence. Il est impossible de devenir vecteur d’influence en n’étant que moteur auxiliaire. Le propos est cartésien : on repart de zéro avec un nouvel outil.

Quelle est la vocation de l’agence ?
Les missions de CulturesFrance sont très précises. Il s’agit de renforcer la capacité de dialogue de la scène française avec le reste du monde, sa capacité à s’exporter, mais aussi à accueillir. C’est un organisme d’échange, et j’insiste sur cette dimension de réciprocité. En deuxième lieu, il y a une nécessité de créer dans des endroits stratégiques des plates-formes françaises. J’imagine notamment une exposition d’artistes français, comme le Bristish Council en fait pour les Britanniques, qui circulerait dans une vingtaine de pays. En troisième lieu, il s’agit de fédérer les moyens, aujourd’hui dispersés, pour permettre les deux objectifs précédents. Il s’agit d’avoir une stratégie ciblée par pays et par discipline. On va confier à des comités professionnels, mis en place en janvier prochain dans a priori chaque spécialité, le soin de décider des actions à mener. Il faut que fin 2007 cette agence ait fait la preuve de son utilité.

Quels sont les projets en gestation ?
Nous annoncerons le 15 septembre l’ensemble des projets et un premier calendrier d’action. Nous réfléchissons à la création d’une bourse Restany, un programme de cinq ans permettant à des commissaires indépendants d’aller dans deux pays prescripteurs sur une durée d’un an. Chaque année, ce programme concernerait deux commissaires. Je veux aussi lancer une étude en septembre en vue de la création à New York d’une Villa Médicis, centrée sur les arts plastiques, avec un financement privé-public. Avec l’intégration de l’Association pour la diffusion de la pensée française [ADPF], l’agence dispose d’un pôle éditorial, un domaine dans lequel nous souhaitons être actifs. Cette agence aura aussi des correspondants à l’étranger. Actuellement, nous avons un bureau à Berlin et à New York, mais en 2007 il faudra un réseau plus développé d’attachés spécialisés.

Quelles seront les relations de l’agence avec le réseau de l’Alliance française ?
Dès l’automne, l’agence devra faire la preuve de sa capacité d’aimantation des autres réseaux. Avec
l’Alliance française, nous ferons un travail test sur deux ans, en 2007 et en 2008 au Brésil, qui est l’un de leurs principaux réseaux. Le modèle des Alliances françaises peut être intéressant, même si leurs comités sont rarement constitués de vrais prescripteurs, mais plutôt de notables, de banquiers ou de femmes du monde.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : Olivier Poivre d’Arvor, directeur de l’agence CulturesFrance

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