Luxe

Un nouveau musée pour Paris

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2006 - 561 mots

Le groupe LVMH a annoncé le 2 octobre le lancement de sa future « Fondation Louis-Vuitton pour la création », dirigée par Suzanne Pagé.

PARIS - En prenant voilà quinze ans les rênes du groupe LVMH, l’homme d’affaires Bernard Arnault a souhaité en développer le mécénat. « Champion du cash-flow », le magnat du luxe a, depuis, sponsorisé vingt-six expositions. « Ce mécénat avait quelque chose d’éphémère, a indiqué Bernard Arnault lors d’une conférence de presse le 2 octobre. Depuis le début des années 1990, nous avons réfléchi à quelque chose de plus permanent, construire une fondation dans laquelle nous pouvions cristalliser cette activité. » Dès 1992, le groupe aurait songé à bâtir un lieu dans le Jardin d’acclimatation, dont il est gestionnaire. En 2001 – un an après l’annonce de la Fondation Pinault –, la rencontre avec l’architecte californien Frank Gehry relance cette idée. Finalement, au terme de deux ans et demi de négociations avec la municipalité parisienne, propriétaire du terrain, une « Fondation Louis-Vuitton pour la création » devrait voir le jour. « La Fondation a pour but de favoriser le rayonnement culturel et artistique de la France dans le monde », a déclaré Bernard Arnault. La direction artistique en a été confiée à Suzanne Pagé, ancien capitaine du Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP). Celle-ci s’est adjoint les services de ses fidèles fantassins, Béatrice Parent, ancienne conservatrice au MAMVP et, en tant que consultant extérieur, de Hans Ulrich Obrist, codirecteur de la Serpentine Gallery, à Londres. Les travaux, d’un coût total de 100 millions d’euros, devraient commencer en 2007 pour une livraison fin 2009-début 2010. Pour l’heure, la Fondation n’existe pas juridiquement. Elle ne dispose pas plus d’un permis de construire. Mais la présence du Maire de Paris, Bertrand Delanoë, et du ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, lors de la présentation de ce projet témoigne d’un consensus politique susceptible d’en garantir l’aboutissement.

D’une surface de 4 200 m2 au sol, le bâtiment tout en transparence se substituera au bowling désaffecté du Jardin. La coque vitrée ne déroge pas aux constructions complexes et aérodynamiques de Gehry. En revanche, l’intérieur se veut simple et fonctionnel. Outre des galeries d’exposition, un auditorium et un jardin niché sur le toit viennent parfaire le tableau. Si la maquette est séduisante, le contenu et le budget de fonctionnement restent encore flous. « Ce ne sera pas une énième fondation d’art contemporain », a simplement précisé Bernard Arnault. La question est de mettre en résonance l’art actuel avec ses racines plus modernes, confronter par exemple Jean Dubuffet à Jean-Michel Basquiat. Quoi de plus louable. Sauf que les racines du groupe sont aussi convoquées. Outre un fonds d’art contemporain, pour l’instant inégal d’après les spécialistes, la Fondation abritera l’ensemble des collections et toutes les archives des marques du groupe LVMH. Avec l’idée sous-jacente de les valoriser. Il n’est du coup pas étonnant que le nom choisi pour la Fondation se trouve être l’étendard le plus réputé du groupe. À sa façon, Gehry est aussi une griffe, aussi identifiable que le monogramme de Vuitton. Plus qu’une marque, Suzanne Pagé reste quant à elle une référence internationale, qui donne sa légitimité au projet. Sûrement saura-t-elle veiller au grain et éviter qu’une robe Dior ne s’insinue au détour d’un tableau de Picasso, comme cela a été suggéré lors de la conférence de presse…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°244 du 6 octobre 2006, avec le titre suivant : Un nouveau musée pour Paris

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