Etude

La scène française en « stand-by »

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 août 2007 - 666 mots

Alain Lombard, sous-directeur de la coopération culturelle et artistique au ministère des Affaires étrangères, donne des pistes pour relancer la visibilité des artistes travaillant en France.

PARIS - Au moment où s’ouvrent deux des plus importantes expositions d’art contemporain – la Biennale de Venise et la Documenta de Cassel (Allemagne) (lire p. I à XII) – resurgit la question de la place qu’occupent les artistes de la scène française à l’international. Ce point a notamment été débattu le 23 mai lors de la réunion du conseil professionnel des arts visuels de CulturesFrance – l’organisme qui a la charge de la promotion des artistes français à l’étranger –, au cours de laquelle a été évoquée une récente étude. Rendue en février au délégué aux Arts plastiques, celle-ci est signée par Alain Lombard, devenu depuis le sous-directeur de la coopération culturelle et artistique au ministère des Affaires étrangères. Ce document de 55 pages, dont le Journal des Arts a pu avoir connaissance, s’intitule sobrement La participation de la France au dialogue artistique international.
En préambule, l’analyse d’un certain nombre de données est sans appel : les institutions françaises sont bien plus ouvertes aux artistes étrangers que leurs homologues des États-Unis, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne, deux expositions du Centre Pompidou, « Cher peintre » (2002) et « Dionysiac » (2005), culminant même avec 79 % et 82 % d’artistes non issus de la scène française. Plus généralement, selon Alain Lombard, « 74 % des expositions organisées par la Fondation Cartier à Paris sont consacrées à des artistes n’appartenant pas à la scène artistique française, 23 % de celles organisées par le Palais de Tokyo, 65 % de celles organisées par les centres d’art, ou encore 59 % de celles organisées par les FRAC [Fonds régionaux d’art contemporain] ». Les galeries font preuve de la même ouverture en réservant seulement 34 % de leurs expositions à des artistes actifs dans l’Hexagone. Six ans après la remise du rapport Quemin, le sous-directeur constate que la situation a peu évolué concernant la place sur la scène internationale des artistes travaillant en France, relativement au nombre d’expositions dans les musées étrangers comme à leur présence dans les biennales. Dans le classement du toujours contesté « Kunst Kompass » réalisé par le magazine allemand Capital, la place de la France reste stable, occupant la même 4e place depuis 1979.
Dans une seconde partie, le nouveau sous-directeur de la coopération culturelle et artistique au ministère des Affaires étrangères énonce dix orientations pour redonner de la visibilité internationale aux artistes de la scène française. Il propose d’abord de « poursuivre les efforts pour faciliter l’entrée et le séjour des artistes étrangers en France », de « développer les échanges internationaux des écoles d’art » et de « multiplier les résidences d’artistes et d’œuvres d’artistes français à l’étranger ». À côté de son souhait de « développer la participation des professionnels français aux coopérations internationales », il insiste sur deux éléments clés : « permettre une meilleure présentation en France de la création réalisée en France » et « développer la mobilisation conjointe de tous les acteurs de la scène artistique contemporaine pour la promotion de l’art contemporain français à l’étranger ». À l’international, il s’agit de continuer à se concentrer sur quelques pays prioritaires comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, mais aussi de s’efforcer de pratiquer la modestie et la coopération avec les opérateurs étrangers lors de la mise en œuvre de la politique de promotion des artistes français à l’étranger. Enfin, après des événements comme « Paris Calling » (1), l’étude propose de « poursuivre la concentration des efforts sur quelques opérations phares sans négliger l’accompagnement d’opérations plus légères ».
Si l’étude préconise enfin de « poursuivre les efforts pour assurer la vitalité du marché de l’art et la diversité de la scène artistique française », ces recommandations risquent de ne pas dépasser le stade de l’incantation et de ne pouvoir remédier au faible poids des artistes français dans les ventes publiques et les foires. Pourtant, Alain Lombard l’admet lui-même dans son étude : « La place très modeste des artistes contemporains français sur le marché artistique international constitue sans aucun doute pour une large part le nœud du problème. »


(1) manifestation organisée à Londres, Oxford et Margate en 2006.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : La scène française en « stand-by »

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