Entretien

Rodica Seward, présidente de Tajan S.A

« Je défends les jeunes artistes français »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 24 juillet 2007 - 657 mots

 Trois ans après votre reprise de la maison Tajan, quel bilan faites-vous ?
J’ai repris cette maison en janvier 2004. Pendant six mois, j’ai suivi de l’extérieur son mode de fonctionnement, et durant les deux ans et demi qui ont suivi, je me suis engagée à la restructurer. La force de cette société était l’existence d’une marque reconnue : Tajan. Ses points faibles : une structure et un mode de fonctionnement qui n’étaient plus adaptés aux besoins du marché de l’art d’aujourd’hui, ce qui avait conduit à des pertes antérieures. Or une société qui perd de l’argent n’a pas de raison d’être. En 2004, nous sommes parvenus à l’équilibre des comptes. Nous avons été bénéficiaires en 2005 et avons amélioré notre rentabilité en 2006.

Que pensez-vous avoir apporté à cette société ?
J’ai insufflé un esprit nouveau et bouleversé le management. Auparavant, l’organisation de Tajan S.A. était pyramidale avec une personne dirigeante placée au sommet et, au-dessous, l’ensemble des exécutants. J’ai créé une gestion nouvelle avec, d’un côté, les différents départements artistiques bénéficiant d’une large autonomie et coordonnés par un directeur, de l’autre, les cadres financiers et administratifs, gérés par un autre directeur. Par ailleurs, j’ai fusionné le fichier clients de mon ancien business, celui des entreprises et des banques d’affaires, avec celui de Tajan S.A. En tant que collectionneuse, mon avantage est de bien connaître l’art du XXe siècle. C’est donc en priorité ce domaine que j’ai privilégié.

Comment expliquez-vous l’important turn-over de personnel chez Tajan depuis deux ans ?
Quand une entreprise change de propriétaire, il est normal que les gens qui composent cette entreprise changent. Je ne l’ai peut-être pas fait assez vite. Mais les départements qui ont le plus progressé et qui ont montré une forte rentabilité, tel celui des arts décoratifs du XXe siècle, sous la direction de Jean-Jacques Wattel depuis 2005, sont ceux qui ont changé d’équipe. Aujourd’hui, ma politique est de donner leur chance aux jeunes éléments de Tajan S.A. plutôt que de faire de la croissance horizontale. J’ai aussi recruté des personnalités éminentes du marché de l’art international, comme Tzila Krugier, directrice du développement des départements art moderne et contemporain.

Quels sont vos objectifs à terme ?
Du point de vue géographique, Tajan restera une maison de ventes généraliste et française basée à Paris, qui propose au monde entier des œuvres d’art, en privilégiant la position prééminente du marché de l’art français. Par ailleurs, notre dimension est internationale, tant par notre clientèle que par nos méthodes de travail : site Internet, infrastructure informatique, départements « service clients » et « shipping » (transport) nouvellement créés, expositions… Après l’art contemporain et l’Art déco, je souhaite à présent concentrer nos efforts sur le développement des départements plus classiques tels que les tableaux, les dessins anciens et les mobiliers des siècles passés.

Quels sont les atouts de la maison Tajan ?
La rapidité de prise des décisions – rendue possible en raison de la petite taille de la structure –, mon implication personnelle, tant pour les objets importants que pour une clientèle privilégiée, à commencer par celle que j’ai côtoyée pendant vingt-cinq ans lorsque je travaillais dans le monde de l’entreprise et de la finance. J’aime aussi organiser des événements thématiques, c’est une manière de se différencier. Et je suis favorable à la tenue de manifestations non commerciales, en collaboration avec des galeries et des artistes. C’est une autre façon de soutenir le marché, sans nous mettre en rivalité avec les galeristes. À ce titre, nous préparons une exposition intitulée « Art et Design, sans frontière » (du 22 mars au 1er avril) consacrée aux jeunes de tous horizons.

Qu’avez-vous acheté dernièrement ?
Parallèlement à ma passion de longue date pour l’art français, du cubisme à l’abstraction d’après guerre, je défends aujourd’hui vigoureusement les jeunes artistes français. Trois tableaux, de Fabrice Hyber (galerie Jérôme de Noirmont), de Marc Desgrandchamps (galerie Zürcher) et de la Suissesse Valérie Favre (galerie Nathalie Obadia), font partie de mes derniers achats.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°253 du 16 février 2007, avec le titre suivant : Rodica Seward, présidente de Tajan S.A

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