Gérard Paris-Clavel, graphiste militant

À 74 ans, ce cofondateur du célèbre groupe Grapus, puis de Graphistes associés et, enfin, depuis 1991, de l’association Ne pas plier, est toujours en verve. Le visiteur pourra d’ailleurs en juger dès l’entrée. Sur un support, sept lettres, façon Scrabble, composent le mot « Bonjour », mais celles-ci peuvent allègrement être manipulées pour créer d’autres vocables, tels « Bojuron » ou « Noburj ». La suite sera du même tonneau. Humour, certes, mais ironie aussi, à l’instar de ces multiples slogans que cet artiste militant a inventés pour des manifestations : « Homo Ejectus » et « Rêve générale », subtile expression conçue en enlevant au premier mot sa première lettre d’origine, le G. Entre affiches (pour la Fête de la musique 2001, le film Une part du ciel de Bénédicte Liénard) et journaux (Existence ! ou Travails, lequel recueille la parole de travailleurs), Gérard Paris-Clavel déploie son savoir-faire dans la construction des (bons) mots et des images qui claquent, et dévoile, pour l’occasion, un brin de son propre atelier dans une salle baptisée « Zone-Art » : croquis préparatoires, vitrines d’objets et mur d’inspiration. Ici, une affiche proclame « Les mots sont des fenêtres », avec le O si grand qu’on pourrait presque y voir l’horizon dedans. Ailleurs, dans un petit cadre, d’autres mots esquissent une forme de supplique : « Rêve-toi et marche ». Tout est dit !