PARIS
Abordé en 2017 avec « Être pierre », le thème des relations d’Ossip Zadkine (1888-1967) avec les matières primordiales qui bâtissent son œuvre sculpté s’approfondit au long de cette seconde présentation.
En trois étapes, le parcours proposé met en relief la capacité de Zadkine à entrer dans un pur dialogue avec les matériaux qu’il affectionne : le bois, le marbre, la pierre, l’argile. Fidèle adepte de la taille directe, « accompagnant plus que n’attaquant » le bloc de calcaire ou le tronc d’orme, ainsi que le souligne Noëlle Chabert, co-commissaire de l’exposition, le sculpteur exploite les nœuds, les fibres, les veines, le moindre éclat jusqu’à ce que la pièce prenne la forme de ses émotions. Sous le passage du burin ou de la gouge, on devine le geste à la fois d’appropriation et de respect du matériau brut, alliant à l’arête vive l’évidement et la sinuosité de quelques fines incisions. À l’étroit dans le cubisme, tenté par l’Art déco, c’est en revenant à ses racines culturelles que Zadkine exprime le mieux ses sensibilités, centrées autour des notions de verticalité, de sensualité, de hiératisme. Le regard du visiteur est continûment sollicité par la sobre mise en situation des têtes d’homme et des torses féminins. Prêtée à titre exceptionnel, la grande Odalisque en hêtre rouge polychromé exécutée en 1932 synthétise le travail des mains et exalte la totalité de l’acte créateur. Conversation inédite et instructive, une vingtaine de gouaches, aquarelles et encres rarement montrées souligne les parentés entre dessin et art statuaire.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Zadkine et la révélation du geste
