Architecture

Yves Bélorgey, ville et espace

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2004 - 437 mots

« La ville pour celui qui y passe sans y entrer est une chose, et une autre pour celui qui s’y trouve pris et n’en sort pas ; une chose est la ville où l’on arrive pour la première fois, une autre celle qu’on quitte pour n’y pas retourner ; chacune mérite un nom différent. » Placée en exergue de l’exposition consacrée au thème de « La Ville » voilà onze ans au Centre Pompidou, cette citation d’Italo Calvino ne peut que concerner Yves Bélorgey. 

Depuis le tout début des années 1990, pour cet artiste né à Sens en 1960, qui vit et qui travaille à Lyon, la ville est comme son univers, le motif récurrent d’une œuvre peinte qui n’a de cesse de décliner façade après façade. S’il a jeté son dévolu sur cet objet architectural que sont les immeubles HLM, ce n’est pas avec une arrière-pensée sociologique mais tout simplement parce qu’il est proprement fasciné par ce genre d’édifices, tant pour leur valeur symbolique de construction universelle que pour leurs qualités plastiques tout à la fois picturale et sculpturale. L’art d’Yves Bélorgey voudrait-il jouer de la hiérarchie convenue des beaux-arts – plaçant l’architecture en tête devant la peinture et la sculpture –, il ne s’y prendrait pas autrement. Si, d’un motif à l’autre, l’artiste se plaît à cultiver l’écart qui existe entre individualité et banalité, tous ses soins consistent à nous amener « à regarder frontalement et sans états d’âme la ville », de façon pleinement objective. Son appareil photo en bandoulière, Bélorgey parcourt le monde afin de se constituer tout un réservoir d’images qu’il cadre et recadre, coupe et découpe par suite pour en choisir l’angle, le point de vue le plus distancié qui soit. Si la question du conditionnement urbain colle à sa réflexion et si, face à ses œuvres, on peut penser tant à certains photographes du Bauhaus qu’à Boutet de Monvel, tant au cinéma qu’à la bande dessinée, Yves Bélorgey n’en demeure pas moins d’abord et avant tout un peintre, et il aborde la question de l’architecture en excluant tout préjugé préalable dans une relation exclusive à l’espace. Les travaux présentés à Noisy-le-Sec autour de l’architecture de Jean Renaudie ont été réalisés par Bélorgey suite à une demande de certains de ses architectes amis. Ceux-ci voulaient réfléchir sur les possibilités de réhabilitation de l’ensemble construit par Renaudie à Villetaneuse et qui est voué à être détruit. La peinture en quelque sorte au secours de l’architecture – étonnant renvoi de balle.

« Yves Bélorgey », NOISY-LE-SEC (93), La Galerie, 1 rue Jean Jaurès, tél. 01 48 46 10 70, 4 septembre-16 octobre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Yves Bélorgey, ville et espace

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