Art moderne

William Morris, un des acteurs de la renaissance des arts décoratifs

Par Charlotte Gere · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 455 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Personnage à facettes, William Morris fut tout à la fois poète, peintre, dessinateur, imprimeur, militant socialiste, théoricien et, comme il le dit lui-même, propriétaire d’une entreprise d’art décoratif. De son vivant, sa réputation eut à souffrir de la diversité de ses talents – le poète éclipsant le dessinateur, et réciproquement, pour l’ensemble de ses entreprises –, mais l’exposition que le Victo­ria & Albert Museum lui consacre aujourd’hui permet de réévaluer son apport à l’histoire des arts décoratifs.

Plus de cinq cents œuvres de William Morris (1834-1896) ont été rassemblées au Vic­toria & Albert Mu­seum (V&A) autour de l’importante collection que possède le musée. Les premiers achats du V&A eurent lieu dès 1864, et William Morris resta en relation avec le musée tout au long de sa vie, y trouvant une source d’inspiration pour ses créations et le conseil­lant dans ses acquisitions, notamment pour les tapis persans qu’il collectionnait lui-même.

L’ambition première de l’exposition est de présenter factuellement, sans dogmatisme, l’homme et son œuvre, en laissant au public toute latitude pour juger de la place qu’il tient dans l’histoire des arts décoratifs. Entrepreneur visionnaire, William Morris fut attiré par des artistes réputés tels que Madox Brown et Rossetti, mais il sut également reconnaître le talent de Burne-Jones, alors inconnu. À ses côtés, l’architecte Phillip Webb a joué un rôle capital en l’aidant à gérer son entreprise d’art décoratif : selon Morris, seul Webb avait l’obstination et le talent nécessaires pour assurer la survie d’une aventure aussi hasardeuse.

Successeur de Welby Pugin
Universellement reconnu comme un génial créateur de motifs de papiers peints, de tissus, de tapis..., William Morris reste le grand théoricien et l’instigateur des principes de la conservation moderne. Qu’il ait été le "pionnier du mouvement moderne", ainsi que l’affirmait Nikolaus Pevsner, a été depuis mis en doute, mais son héritage à long terme est plus subtil. Enfin, cette exposition s’inscrit dans la continuité de celle que le V&A avait consacrée en 1994 à Welby Pugin et permet au visiteur de découvrir quels prolongements l’œuvre de ce dernier, prématurément disparu en 1852 à l’âge de quarante ans, a trouvé dans le travail de Morris. Les deux hommes avaient en commun une grande force de caractère, un esprit curieux et impatient, une large diversité de centres d’intérêts et l’envie de renouveler l’esthétique du design. D’ailleurs, l’exposition reçoit le soutien du même mécène, Pearson, aux yeux de qui la carrière des deux artistes forme un ensemble cohérent.

WILLIAM MORRIS, jusqu’au 1er septembre, Victoria and Albert Museum, Londres, tlj 10h-17h50, lundi 12h-17h50. Tokyo National Modern Art Museum, mars-avril 1997 ; Kyoto National Modern Art Museum, mai-juillet 1997 ; Musée de la préfecture d’Aichi, Japon, août-septembre 1997. Catalogue, Linda Parry, éd. V&A et Philip Wilson, 18.95 £ (150 F).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : William Morris

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