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Walker Evans le mélancolique

L'ŒIL

Le 1 février 2000 - 249 mots

Pourquoi fallait-il attendre l’an 2000 pour qu’enfin soit organisée une rétrospective sur Walker Evans ?
Son œuvre, il est vrai, peut facilement être taxée d’austère. Cependant, comment ne pas être séduit et transporté par ces 175 tirages originaux, le plus souvent noir et blanc, magnifiquement organisés sur les murs du Metropolitan. Pour Walker Evans, la photographie peut retranscrire la sensation brute à condition qu’elle présente de façon objective les faits significatifs d’une culture vernaculaire, en l’occurence la société américaine des années 30-40. C’est d’ailleurs dans cette politique du regard que s’incarne tout son génie. C’est en 1935-1937 que Evans produit les clichés qui feront toute sa renommée. Il travaille alors pour la Farm Security Administration (FSA), projet monumental destiné à documenter la récession américaine. Ses œuvres présentent les banlieues semi-abandonnées, les comptoirs du Middle West, la mise en scène des signes publicitaires dans une société exsangue. Quelques années plus tard, il réalise Many are called, petit livre où se côtoient d’incroyables vues des passants du métro livrés à leurs réflexions. En choisissant Evans comme l’une des figures de proue de la modernité en art, Dan Graham, Robert Frank, Garry Winogrand, Andy Warhol, Robert Rauschenberg et Lee Friedlander reconnaissent implicitement la dette qu’ils lui doivent. On attend donc avec impatience la grande exposition que le MoMA doit organiser à partir de mars sur l’influence que cet artiste mélancolique a eu sur l’art contemporain.

NEW YORK, Metropolitan Museum of Art, jusqu’au 14 mai et Museum of Modern Art, 16 mars-26 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°513 du 1 février 2000, avec le titre suivant : Walker Evans le mélancolique

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