Villes et campagnes impressionnistes

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 avril 2003 - 323 mots

Passée à l’entendement de tout un chacun comme le parangon de la modernité, la révolution impressionniste est trop souvent cantonnée à l’ordre d’une seule problématique, celle de la restitution d’une impression.
Si le mouvement animé par Claude Monet et ses amis au début des années 1870 a été largement commenté d’un point de vue esthétique, on n’a peut-être pas assez insisté sur le contexte dans lequel il est apparu, en avril 1874, dans le cadre d’une exposition organisée par une association d’artistes en marge du salon officiel dans l’atelier du photographe Nadar. Une façon de rompre avec les conventions en usage qui les conduirait à renoncer à une iconographie ordinairement admise. Adieu histoire, mythe et religion ; place au monde d’ici-bas ! Paysages et villes, côte normande et rivages méditerranéens, Paris et sa banlieue, gares et monuments, boulevards, rues et places, jardins
et parcs, champs de courses et régates, etc., l’iconographie impressionniste se veut pleinement contingente d’un environnement immédiat. À portée de la main et du regard. Le monde vrai en quelque sorte. Celui d’une société nouvelle, d’une vie moderne et d’une révolution industrielle, qui caractérisent à tout le moins l’avènement d’un nouvel ordre politique, la République. L’exposition intitulée « Les Lieux de l’impressionnisme », que présente le Kunstmuseum de Bâle à partir d’œuvres de Monet, de Degas, de Cézanne et de Van Gogh issues de ses collections, augmentées de quelques prêts, vise à mettre en exergue cet aspect pas toujours bien perçu du mouvement. Si la quête du fugitif et de l’instantané constitue le dénominateur commun à toute peinture impressionniste, il en est un autre tout aussi prégnant qui participe tant à la célébration d’une société du loisir et du progrès qu’à celle d’un bonheur simple et naturel.
C’en est fini de la grandiloquence, de l’exemplaire et du rêve. Avec l’impressionnisme, les lieux sont à vivre dans l’instant, ici et maintenant.

BÂLE, Kunstmuseum, Sankt-Alban-Graben 16, tél. 20 66 262, 5 avril-13 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°546 du 1 avril 2003, avec le titre suivant : Villes et campagnes impressionnistes

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