Versailles (78)

Versailles à l’heure chinoise

Château de Versailles Jusqu’au 26 octobre 2014

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 24 juin 2014 - 325 mots

C’est une toute petite coupe taillée dans un beau jade blanc et dont les anses en forme de dragons affrontés sont d’une rare élégance.

Or cette pièce n’est autre que l’un des tout premiers objets chinois ayant appartenu au roi Louis XIV, grand amateur de pierres dures. Elle illustre aussi avec éclat l’extraordinaire attrait du souverain français pour cette Chine lointaine immortalisée par les écrits du voyageur Marco Polo. Cependant, en cette fin du XVIIe siècle, l’heure n’est plus à la rêverie ni aux fantasmes ! Soucieux d’établir des relations diplomatiques et scientifiques entre la France et l’Empire du Milieu, Louis XIV va jusqu’à financer avec ses propres deniers l’expédition en Chine de six jésuites rompus à l’exercice des mathématiques, de la médecine et de l’astronomie. Ne s’agit-il pas de gagner la confiance de l’empereur Kangxi en personne ? Mais au-delà de cette ambassade de prestige, c’est bientôt toute une fascination réciproque qui naît entre les deux civilisations. Sous le règne du Roi-Soleil, et davantage encore sous ceux de Louis XV et de Louis XVI, Versailles « se met à l’heure chinoise ». Certes, il s’agit d’être discret et de ne pas afficher ce penchant exotique dans les appartements d’apparat, vitrines du savoir-faire des artisans français et des manufactures royales. En revanche, toute « chinoiserie » est admise dans la sphère privée des appartements intérieurs ou des retraites à la campagne. C’est donc par cargaisons entières que la Compagnie française des Indes orientales approvisionne la Cour en porcelaines, laques, éventails, étoffes ou papiers peints d’une préciosité inouïe. Point question, cependant, d’oublier la « patte » du génie français. D’abord collectionné pour lui-même, l’objet chinois devient vite source d’inspiration, voire d’appropriation comme le montre l’exposition de Versailles imaginée par Marie-Laure de Rochebrune. Antique céladon transformé en fontaine à parfum, vase en porcelaine métamorphosé en tabouret de jardin, commode enrichie de panneaux de laque offrent ainsi de savoureux exemples de cette « customisation » avant l’heure !

« La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIe siècle »

Château de Versailles, place d’Armes, Versailles (78), www.chateauversailles.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Versailles à l’heure chinoise

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