À Versailles, le beau sexe a la cote

Si cette grosse ficelle de storytelling peut faire sourire tant elle surfe sur un phénomène de société, y compris via une communication visuelle girly, on ne saurait toutefois bouder son plaisir face à la revalorisation de personnalités qui ont joué un rôle majeur dans l’histoire du château, sans que la postérité ne leur rende vraiment justice. Judicieusement, le château a choisi deux dames aux destins et à l’historiographie on ne peut plus opposés. D’un côté, la romanesque Madame de Maintenon, l’épouse cachée de Louis XIV, qui véhicule toutes sortes de clichés, et de l’autre une reine extrêmement discrète et mésestimée, Marie Leszczynska. Restée dans l’ombre des tapageuses conquêtes de son mari, l’épouse de Louis XV est pourtant une personnalité plus intéressante qu’il n’y paraît. Elle est la reine qui a régné le plus longtemps à Versailles (quarante-deux ans), par ailleurs elle a eu un impact décisif dans l’émergence de certains artistes, comme Nattier, et dans l’évolution du goût de son temps, comme la mode du style rocaille. Espérons que la petite exposition que le château lui consacre ne sera pas éclipsée par celle dédiée à Madame de Maintenon, dont l’aura est autrement plus sulfureuse. On sait d’ailleurs gré au château de ne pas surjouer cette réputation, mais au contraire de proposer une manifestation scientifique démêlant l’écheveau des légendes dorées autant que noires qui nimbent l’épouse morganatique du Roi Soleil. Rigoureuse, mais chaleureuse grâce à sa scénographie évocatrice d’un appartement de courtisan du Grand Siècle, l’exposition raconte le destin haut en couleur et hors du commun de cette femme, à l’endroit même où elle a attendu tous les jours pendant plus de trente ans que son roi vienne lui rendre visite. Outre les œuvres choisies avec soin et efficacité, le parcours dévoile quelques documents rarissimes, comme les billets doux de son royal amant.