Utrillo, Valadon, Utter reliques de la trinité maudite

Une trinité bohème, éreintée par les coups du sort. Une trinité dont Dieu paraît être le seul viatique, quand le Fils est si écorché et que l’Esprit n’est plus très sain.

L’histoire est assez simple : muse montmartroise, Suzanne décide en 1909 de quitter les vieillards pour un jeune artiste – André, 23 ans, ami de son fils Maurice, lequel est la proie de crises démentes et de harcelantes assiduités alcooliques. C’est dans l’intimidant château de Saint-Bernard, en plein Val de Saône, que les pérégrins élisent domicile, certains que l’isolement vaudra pour providence. Là, une décennie durant, de 1923 à 1933, les trois artistes vont échafauder une création cohérente et investiguer des motifs communs – ainsi l’église de Saint-Bernard – sans jamais renoncer à leur singularité.

Quand les cernes et les couleurs de Valadon se souviennent de Derain, les poudroiements d’Utrillo rappellent ceux qui naquirent de la Butte. Et la supplique de fonctionner : qu’elle fût plébiscitée par Henri Focillon ou qu’elle régénérât la scène artistique lyonnaise – le groupe Ziniar notamment –, qu’elle essaimât ses leçons à Paris ou qu’elle envoûtât les marchands du temple rhodaniens, la trinité compta de fervents adeptes. Pour un temps, seulement. Cela s’appelle l’odeur de sainteté.