Une « Réunion » très singulière

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 419 mots

Ce n’est ni une galerie ordinaire, ni un centre d’art labellisé, ni une fondation privée, mais ça tient un peu de tout cela. Quand ils en parlent, Vincent Mengin et son épouse Roselyne Von-Pine, qui ont créé voilà 25 ans au sud de la Réunion, près de Saint-Pierre, le LAC – entendez Lieu d’art contemporain  – aiment à préciser qu’il s’agit là d’une « aventure artistique et humaine très singulière ». Et c’est le cas.
Rien ne prédestinait Vincent Mengin, parisien, artiste, lithographe, de quitter un jour la capitale et de jeter l’ancre outre-mer mais la vie en a décidé autrement. Quand il a rencontré sa future épouse, originaire de la Réunion, et qu’il a découvert l’île en 1980, ça a été le coup de cœur. En deux temps trois mouvements, la décision était prise : ils resteraient sur place et y créeraient un lieu où montrer et accueillir des artistes.
Dès lors, cela n’a pas arrêté. En 1981, Mengin construit de ses propres mains une maison-atelier y exposant certains de ses amis comme Gérard Diaz ou Yann Dugain. Quelques années plus tard, il bâtit une véritable galerie et multiplie les invitations. Viseux, Erró, Nils-Udo, François Martin, Dietman, Rancillac, Klasen, Jaccard, Brusse, Voss, Di Rosa, Hugh et Sabine Weiss deviennent des familiers du LAC. Ils y séjournent à plusieurs reprises, créent et exposent sur place, animent des ateliers pédagogiques, etc. Bref, la galerie Vincent Mengin est une véritable ruche. Elle est surtout le seul endroit de l’île où l’art contemporain trouve refuge.
Mais plus qu’une galerie, c’est tout un complexe que Mengin a créé là et qui compte notamment – outre un parc qui mêle nature et sculptures – deux petits bâtiments hors du commun. Le premier s’appelle le palais aux 7 portes et présente une étonnante succession de petites cellules dans lesquelles les artistes ont créé une œuvre en relation avec la culture du cru. Le second, dit la case aux 1 000 masques, un petit édifice octogonal, abrite sur toute sa surface intérieure le travail monumental qu’a réalisé Erró avec les enfants au fil du temps.
Pour fêter ces 25 ans d’intenses activités, Vincent Mengin, qui s’est mis à la vidéo et réalise aujourd’hui toutes sortes de films, a organisé un grand rassemblement d’œuvres de tous les artistes qui l’ont accompagné. Le LAC est un lieu atypique et une mine d’or pour collectionneurs en chasse.

LAC Vincent Mengin, ravine des Cabris (97), 32 chemin Archambeaud, Ligne des 400, La Réunion, tél. 02 62 27 32 73, sur rendez-vous.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Une « Réunion » très singulière

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