Suisse - Collection

Genève (Suisse)

Une carte blanche haute en couleur

Musée d’art et d’histoire - Jusqu’au 26 juin 2022

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 356 mots

Pour cette seconde carte blanche donnée par le Musée d’art et d’histoire de Genève à un curateur indépendant avec mission de présenter différemment la collection du musée, c’est le fameux faiseur d’expositions Jean-Hubert Martin, auteur des « Magiciens de la terre » au Centre Pompidou en 1989, qui est aux commandes.

Cinq cents œuvres d’art et objets historiques de toutes origines et époques tirés des réserves sont présentés au fil d’un long parcours en vingt sections, selon des thématiques transversales à l’histoire sociale, religieuse et artistique (« De la croix au globe », « De l’amour à la haine », etc.). En ligne de mire, l’ambition d’une présentation décloisonnée des collections muséales et un appel à l’émotion suscitée par leur rencontre chez le spectateur (et non, pour une fois, à la raison), sur le principe du « carambolage » visuel, qui avait donné son titre à une exposition au Grand Palais en 2016. « Cette exposition est une expérience physique et intellectuelle », prévient Marc-Olivier Wahler, le directeur du musée. Aucun discours superflu, donc, aucun texte d’introduction aux chapitres qui traitent tant « du cheveu à la barbe » que de « des riches et des pauvres » ou de « la nature morte » : seuls quelques cartels, eux-mêmes peu visibles, qui permettent une interaction directe entre l’objet et l’œil. C’est ainsi que dans la salle intitulée « Du drapeau à la couverture », l’accrochage rapproche les motifs géométriques de drapeaux suisses du XVIe siècle avec ceux du manteau à capuchon créé par Matisse pour le ballet Le Chant du rossignol, d’une sculpture de Carl Andre, d’un damier de John Armleder et, même, d’un zèbre naturalisé. On retiendra les présentations particulièrement réussies en matière de scénographie classant des récipients de toutes formes et origines selon leur « morphologie » et des objets selon leur teinte de couleur dans une « palette chromatique » longue de 30 mètres. Le tout, bien orchestré par le maître d’œuvre, permet l’expérience d’une promenade ludique, étonnante, et souvent sensible dans les salles du musée. « Quand on va écouter un concert, ce n’est pas pour y apprendre l’histoire de la musique, mais pour prendre du plaisir », explique Jean-Hubert Martin. Et c’est exactement ce qui se passe au Musée d’art et d’histoire de Genève.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Une carte blanche haute en couleur

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