Montréal (Canada)

Une cadence presque parfaite

Musée des beaux-arts Jusqu’au 19 janvier 2014

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 321 mots

Le Musée des beaux-arts de Montréal s’est déjà distingué en articulant ses expos temporaires autour de la musique comme avec « Warhol Live » (2008) ou « Miles Davis » (2010) et jusque dans les salles de ses collections permanentes.

La musique est une nouvelle fois au cœur même de la problématique d’une exposition inédite qui montre comment Venise a fait progressivement de la musique son fer de lance, allant jusqu’à favoriser le développement d’orchestres de femmes à une époque où la pratique publique était prioritairement masculine. L’exposition déroule ainsi un parcours entre tableaux, instruments et partitions, depuis les processions (religieuses et politiques) jusqu’au rôle des scuole et ospedali.

Parmi des curiosités comme une gondole dans la section dévolue à la musique et aux scènes de rue, ou encore d’étranges instruments à vent, on découvre de remarquables couvercles de clavecins peints par Le Tintoret (Le Concert des Muses pour les dieux, 1545) et par Sebastiano Ricci dans l’avant-dernière salle dédiée à l’opéra. Élégante, l’exposition restitue une belle ambiance vénitienne, sans toutefois refléter totalement l’érudition du catalogue, densément doté en essais passionnants. Peut-être parce qu’il est difficile avec un sujet pareil ne pas voir les œuvres comme de simples illustrations. Bien sûr, lorsqu’il s’agit d’un Titien ou d’un Tiepolo, le risque est écarté ; il ne l’est pas avec des vues de Guardi ou Canaletto, des saynètes de Carlo Saraceni ou de Pietro Longhi. Car la problématique musicale, si elle dépasse la représentation de ses attributs, finit presque immanquablement par s’y restreindre, c’est là tout l’enjeu.

Représenter, faire entendre, documenter, expérimenter, la diversité des paramètres convoqués par le projet de « Splendore a Venezia » ne peut que générer une frustration qu’incarne sa dernière salle. La succession d’extraits filmés de deux versions d’un même opéra n’en fait pas une fin « opérante » pour autant. Le mode comparatif apparaît presque fastidieux, sotto voce, là où aurait pu se jouer un épilogue fortissimo.

« Splendore a Venezia. Art et musique de la Renaissance au Baroque à Venise »,

Musée des beaux-arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Canada), www.mbam.qc.ca

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Une cadence presque parfaite

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