Un toit pour la photographie

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 337 mots

L’ouverture d’une galerie permanente dédiée à la photographie ancienne dans un Musée des Beaux-Arts est à saluer comme un heureux progrès, dans un pays qui rechigne à la reconnaître comme mode d’expression autonome. Le Musée d’Orsay en fait le pari risqué et nécessaire dès avant son ouverture. Il entreprend en 1979 de collecter patiemment épreuves et négatifs, soutenu par de substantiels dépôts et dations et une vigoureuse politique d’acquisition. Le fonds du musée compte aujourd’hui 50 000 images, soit une collection touffue d’importance majeure, portant un regard historique sur le médium photographique et illustrant les formidables et rapides innovations dont fit montre le tout jeune médium. Détentrice de pièces rares, la collection rend compte des préambules techniques et formels de la photographie, du daguerréotype mis au point en 1839, à l’âge d’or des années 10. Pour des raisons de conservation, la galerie ne présente aujourd’hui que 80 de ses chefs-d’œuvre avant d’en dévoiler davantage lors de deux expositions à venir. Pour cette première mise en bouche, l’accent est mis sur les expériences françaises et les récentes acquisitions du fonds photographique, parmi lesquelles le célèbre Stryge de Charles Nègre, remarquable vue de la galerie supérieure de Notre-Dame en 1853. Ouvrant sur quelques rares exemples de daguerréotypes, dont un saisissant témoignage des barricades de 1848 de la rue Saint-Maur, le parcours s’attarde sur la première et fameuse génération de photographes : Charles Nègre, Nadar bien sûr, dont on peut voir l’exceptionnel portrait de Baudelaire ou encore Gustave Le Gray et ses marines lumineuses. Les années 80 et 90 voient le développement d’une technique plus confortable et accessible, à l’image du bouleversement généré par l’invention du  petit Kodak en 1888. Les amateurs s’essaient alors à la photographie, parmi lesquels Bonnard, Degas ou encore Zola, familiers des portraits dont quelques exemples sont présents sur le parcours. Celui-ci s’achève sur la promesse de la modernité photographique, annoncée par Steichen ou Stieglitz et le pictorialisme.

PARIS, Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’honneur, tél. 01 40 49 48 14, 29 octobre-23 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Un toit pour la photographie

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