Rueil-Malmaison (92)

Un siècle de peinture autour de Paris

Atelier Grognard jusqu’au 10 avril 2017

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 16 janvier 2017 - 335 mots

« Ces beaux endroits, je ne sais ce qu’ils seront plus tard, mais je suis certain qu’ils ne seront jamais plus beaux que je les ai vus. » Quand il écrit cela en 1892, le peintre Albert Lebourg se réfère à ce qu’on appelle alors les environs de Paris.

La campagne est préservée, l’ambiance est rustique, l’air encore pur. Barbizon ne les attirant plus comme avant, les artistes investissent d’autres lieux. Cézanne s’arrête à Auvers, Pissarro s’installe à Pontoise, Sisley emménage à Marly, Carpeaux peint le Mont-Valérien. Aux sentiments hérités de Corot, ils ajoutent leur désir de capter la réalité, car le paysage évolue vite. Les canaux et les péniches de Gleizes, le chemin de fer qui fume sur le viaduc de Luce, les entrepôts de Marquet sont les derniers thèmes à la mode qui signent la modernité et, avec elle, l’apparition de la banlieue, le nouveau nom pour désigner une périphérie en quête d’identité. Sur les toiles, la verticale de l’arbre fait place à celle de la cheminée. Dans des tableaux-manifestes, Gromaire, Signac et Vlaminck dénoncent les méfaits du progrès, alors qu’André Lhote l’idéalise dans un subtil jeu de couleurs (L’Usine à gaz, 1937). L’industrie étend son emprise et dénature, au sens propre, la ceinture verte de Paris où se logent les ouvriers et où se rendent les familles pour les premiers congés payés. Curieusement, ce qu’on appelle la « zone » conserve un charme bucolique que les citadins goûtent dans les guinguettes ou en canotant sur la Marne fêtée par Dufy.

Fidèles aux motifs, dans une facture enlevée, Deroy, Quinton, Lotiron, Durey et les nombreux petits maîtres inconnus sortis de l’oubli pour l’occasion ne se doutaient pas que leurs tableaux serviraient un jour de documents sociaux et élargiraient le champ d’un sujet jusqu’à présent jamais traité et procédant d’un « choix osé et arbitraire », admet la commissaire, Véronique Alemany. Un choix qui, au fil du cheminement axé sur un double propos thématique et historique, donne peu à peu à l’exposition son intérêt.

« Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck, 1850-1950 »

Atelier Grognard, 6, avenue du château-de-Malmaison, Rueil-Malmaison-(92), www.mairie-rueilmalmaison.fr

Légende Photo :
Maximilien Luce, La Seine à Issy-les-Moulineaux, 1920, huile sur toile, 91 x 121 cm, Musée Français de la carte à jouer et Galerie d'histoire de la ville d'Issy-les-Moulineaux.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Un siècle de peinture autour de Paris

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