Bordeaux (33)

Un château pour Lévêque

Institut culturel Bernard Magrez Jusqu’au 26 janvier 2014

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 17 octobre 2013 - 375 mots

Le titre de son exposition, « Here I Rest », sonne comme une épitaphe. Pourtant Claude Lévêque se méfie « des rétrospectives, du mot même ».

À l’institut culturel Bernard Magrez à Bordeaux, il préfère donc dire qu’il « rejoue certaines de [ses] œuvres » déjà créées, sous le commissariat d’Ashok Adicéam, dans le cadre du château Labottière. Propriété bordelaise du XVIIIe siècle, elle est devenue lieu de culture en 2011 et accueille expositions, conférences, artistes et concerts. C’est la sixième exposition du lieu, mais la première monographie d’un artiste. Pourquoi Claude Lévêque ? Bernard Magrez, propriétaire d’une quarantaine de châteaux qui a fait fortune dans le vin, a choisi le plasticien français, car il « apprécie beaucoup l’homme, même s’il est si totalement opposé à moi », entendez politiquement. Un contraste que l’on retrouve entre les œuvres de l’un et l’écrin classique de l’autre dont l’artiste a fait retirer toute l’installation muséographique pour retrouver l’atmosphère d’intimité d’une maison.

Musique, lumière, objets du quotidien et enfance chers à Claude Lévêque y résonnent. Sur le perron, une Citröen C4 traction renversée sur le toit joue en boucle un extrait de Billie Jean de Michael Jackson, son habitacle paré d’une guirlande lumineuse comme on en voit dans les bals populaires. Une autre musique, celle des riffs de guitare du groupe hard rock Van Halen et une autre lumière, stroboscopique, proviennent du salon de musique où se trouve l’installation Le Droit du plus fort (2012), sorte de forêt de pots d’échappement à traverser. Dans les salons de part et d’autre, se joue la partition de l’intime et de l’enfance. L’œuvre La Nuit créée pour la première fois en 1984 se rejoue donc dans l’obscurité et le silence du grand salon, habité par sept bustes d’enfants auréolés de lumière enfouis dans le sable des jeux de plage et entourés de tentes de cow-boys et d’Indiens.
Chaque pièce est « une zone d’impact émotionnelle » réelle dans laquelle plonge le visiteur. La simplicité des émotions et des matériaux employés rencontrent finalement la beauté classique du château, lieu aristocratique que l’artiste n’avait jamais encore investi. Une exposition de Françoise Pétrovitch est présentée en parallèle comme un « écho » – c’est son titre – au thème de l’enfance de Claude Lévêque.

« Claude Lévêque. Here I rest. Mon repos au château »,

Institut culturel Bernard Magrez, Château Labottière, 16, rue de Tivoli, Bordeaux (33), www.institut-bernard-magrez.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Un château pour Lévêque

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque