The Art Institute of Chicago

Triangulation photographique

Jusqu’au 15 mai 2011

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 17 février 2011 - 329 mots

Étonnamment, ces trois-là n’avaient jamais été exposés ensemble depuis les années 1930, du temps de leur activité.

Berenice Abbott, Margaret Bourke-White et Walker Evans sont trois des photographes les plus importants parmi les géants du documentaire social américain dont les heures de gloire sont celles de la crise de 1929 et du New Deal. Initiée par le Amon Carter Museum de Fort Worth au Texas (la plus grande collection de photographies aux États-Unis), l’exposition (dotée d’un catalogue rigoureux) fait une escale à Chicago.
Riche de quelque cent quarante tirages vintage, et surtout des premiers exemplaires des revues Time Magazine et Fortune qui publièrent de nombreux reportages témoignant du caractère populaire de ces images, « American Modern » affirme bien plus des individualités que des similitudes. Au-delà de ces photographies illustrant la difficulté éprouvée par les hommes frappés par la Grande Dépression, leur exode mais aussi un certain triomphalisme industriel, on discerne des différences tangibles.
Au cœur du parcours, une salle rassemble trois séries d’anthologie. À l’instar de Walker Evans, Bourke-White intègre, entre 1935 et 1942, les services de la Farm Security Administration créée avec le New Deal. Les photographes avaient pour mission de rendre compte des effets de la politique mise en place par Roosevelt. Deux modes opératoires rassemblés dans des ouvrages confrontent les sensibilités photographiques : You Have Seen Their Faces de Bourke-White témoigne de l’influence de la photographie soviétique sur son art tandis que la même exploration dans le Sud menée par Walker Evans pour Let Us Now Praise Famous Men fait découvrir l’humilité des fermiers. Abbott, à la même période, documentait New York (Changing New York, 1935-1938), entreprise extensive qui ne se lasse pas des perspectives outrées comme grisées par la démesure des gratte-ciel ni des petits commerces pittoresques. « American Modern » célèbre les grandes heures d’une photographie qui ne cesse de fasciner et d’être redécouverte.

« American Moderns »

The Art Institute of Chicago, 111 South Michigan Avenue, Chicago (États-Unis), www.artic.edu/aic/exhibitions/exhibition/americanmodern, jusqu’au 15 mai 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°633 du 1 mars 2011, avec le titre suivant : Triangulation photographique

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