Titien

Les traits du pouvoir

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 novembre 2006 - 418 mots

Le musée du Luxembourg réunit une série de portraits peints par Titien. Souverains, papes, bourgeois, courtisanes… La touche de ce peintre officiel a séduit les dignitaires de la Renaissance.

Quand il meurt, le 27 août 1576, à Venise, quel âge a donc vraiment Titien ? Cent trois ans, comme il est inscrit dans le registre de la paroisse de San Canciano qui enregistre son décès ? Ou quatre-vingt-dix-huit, comme l’affirmera quelques années plus tard Raffaello Borghini ?
Qu’il soit né en 1473, en 1478, voire en 1490 – Vasari racontant dans ses Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes l’avoir visité en 1566 alors qu’il était âgé d’« environ soixante-seize ans » – ou en 1488 comme on l’accorde aujourd’hui, peu importe au juste ! Le fait est que Titien est mort très vieux et qu’il figure comme le plus grand peintre de la Renaissance.

Le premier grand maître de la Renaissance vénitienne
Né à Pieve di Cadore, dans les Dolomites, Tiziano Vecellio dit le Titien a fait sienne la Cité des Doges en s’y installant dès 1508. Il ne l’a presque jamais quittée, hormis un séjour de quinze mois à Rome au mitan de sa vie.
De trente ans l’aîné de Tintoret (1518-1594) et de quarante ans celui de Véronèse (1528-1588), les deux autres géants de Venise, Titien s’est non seulement accaparé tout le xvie siècle italien, mais il s’en est fait le phare. Il a traité tous les genres avec le même brio, accordant toutefois au portrait une place de premier choix.

Une touche novatrice qui flatte les puissants
Introduit dans tous les milieux du pouvoir, du savoir et de la séduction, il a constitué la plus importante galerie qui soit de ses contemporains. Il fréquente papes, souverains, nobles, riches bourgeoises et bourgeois. Volontaire et orgueilleux comme Charles Quint qui le nomme son premier – et unique – peintre, Titien se choisit pour devise Natura potentior ars, l’art est plus puissant que la nature.
S’il doit beaucoup à Bellini (1430-1516) et à Giorgione (1477-1510), nombreuses sont leurs œuvres qui lui ont jadis été attribuées par erreur, c’est dire la force d’identité de la peinture vénitienne. Promoteur d’une forme picturale nouvelle, à la touche apparente et aux larges coups de brosse, qui portera Venise au premier rang de l’histoire de l’art, Titien inaugure une peinture immédiate, sans passer par le biais du dessin.
La peinture gagne ainsi la dimension d’une vision intérieure, elle s’illumine d’une lumière neuve qui fait l’éloge de la couleur et célèbre le lyrisme des sens.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : Titien

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