Musée

Bruxelles (Belgique)

Theodore Van Loon, passeur de génie

Palais des beaux-arts, Bozar - Jusqu'au 13 janvier 2019

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 21 novembre 2018 - 322 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Visiteurs de l’exposition « Beyond Klimt », à Bozar, passez votre chemin ! Le véritable événement se situe à quelques salles de là, avec l’exposition consacrée à Theodore Van Loon (1581-1649).

Dans la première, vous n’y verrez que deux malheureux Klimt dans un accrochage mal articulé d’œuvres souvent mineures. Il vous faudra de surcroît y jouer des coudes parmi les visiteurs venus nombreux, attirés, comme autant de papillons par la lumière, par la célébrité de Klimt. Chez Van Loon, les salles sont au contraire – malheureusement – moins encombrées. Et pour cause, le peintre bruxellois du début du XVIIe siècle est totalement inconnu du public. Il n’en a pas toujours été ainsi : placé en ouverture de l’exposition, le portrait du peintre réalisé en gravure par Van Dyck rappelle que Van Loon fut un peintre célèbre en son temps, et un rival de Rubens. Pour s’en convaincre, il n’y a d’ailleurs qu’à pénétrer dans la première salle et admirer sa splendide Pietà avec saint Jean l’Évangéliste et Marie-Madeleine, copie fidèle d’une peinture de Marco Pino – dont un dessin est exposé –, pour voir combien l’artiste fut doué. Pour comprendre aussi combien Theodor Van Loon fait le lien entre le maniérisme de Pino et le réalisme ténébreux de Caravage – dont une copie de son David tenant la tête de Goliath par un maître italien est ici présentée. « Notre mémoire collective est sélective. Il arrive qu’au bout d’un temps, certains trésors soient oubliés ou négligés », écrivent les signataires de l’introduction au catalogue de l’exposition. Van Loon, un trésor ? Le mot paraît bien faible pour qualifier la Pietà de l’artiste, véritable diamant dont les figures puissamment modelées empruntent autant leur palette aux Carrache que l’expressivité à Caravage. Les œuvres d’une même force s’enchaînent ainsi dans l’exposition. En guise de conclusion, la commissaire Sabine Van Sprang a placé une Annonciation que ne renierait probablement pas un Philippe de Champaigne. Le génie ne s’oublie jamais totalement.

« Theodore Van Loon. Un caravagesque entre Rome et Bruxelles »,
Bozar, rue Ravenstein 23, Bruxelles (Belgique), www.bozar.be

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Theodore Van Loon, passeur de génie

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque