Sur les traces d’herman de vries

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2004 - 365 mots

L’œuvre d’herman de vries se mérite. Pour la découvrir, il faut se préparer physiquement à affronter une une heure quinze de randonnée. Nous voici donc partis pour l’inauguration de cette commande publique passée au septuagénaire néerlandais herman de vries L’homme est bien connu des Dignois : venu à quatre reprises en résidence, il a réalisé au musée Gassendi un cabinet de botanique, à l’invitation de la conservatrice des lieux, Nadine Gomez-Passamar, chef d’orchestre de la commande pour la réserve, où Andy Goldsworthy et Joan Fontcuberta avaient déjà laissé leur empreinte (L’Œil n° 549).
Après une demi-heure de marche, nous découvrons une première trace du passage d’herman, inscrite en lettres d’or sur un rocher d’éboulement : ambulo ergo sum, réponse imaginée de Gassendi au cogito ergo sum de Descartes. Nous le prendrons comme un encouragement à poursuivre la marche. À quelques dizaines de mètres de là, des lances aux pointes d’or annoncent l’entrée dans le bois sacré du sanctuaire. Odeurs de thym frais, lumière d’automne,… L’œuvre apparaît enfin : elle n’est que la sanctuarisation d’une trace du passage humain, une ruine de maison forestière envahie de végétation et cernée d’une grille de fonte aux pointes dorées.
Soudain un hélicoptère vrombit dans le ciel. Il débarque herman et suzanne, épouse et fidèle collaboratrice du maître. Le moyen de locomotion n’est pas une coquetterie : tombé malade l’an dernier, l’artiste, à l’allure de vieux druide – « mais sans serpe d’or » – ne peut plus gravir le sentier. Qu’importe. Comme un gourou attendu par ses fidèles, herman entame le rituel en soufflant dans sa conque, alors qu’apparaît la silhouette noire d’un ermite, venu en voisin. Bref échange entre les deux hommes. herman sourit sous le crépitement des flashs. « Il n’y a aucune explication pour le sanctuaire. Un sanctuaire dans un site naturel protégé fait sens : chacun est libre d’aller et de déambuler. » L’assemblée se disperse dans les bois, laissant la nature libre de reconquérir le sanctuaire. herman envisage l’art plastique comme « une contribution à une prise de conscience ». Les randonneurs non avertis seront peut-être plus dubitatifs.

DIGNE-LES-BAINS (04), sanctuaire de la nature de Roche-Rousse, vallée du Bès, tél. 04 92 31 45 29.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : Sur les traces d’herman de vries

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