Photographie

Anvers (Belgique)

Stephan Vanfleteren : retour sur images

Fomu Foto Museum - Jusqu’au 1er mars 2020

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 22 janvier 2020 - 375 mots

De l’émouvant portrait de Paul Delvaux qu’il réalise au domicile du peintre en 1989, Stephan Vanfleteren dit de cette image qu’elle lui « a donné à 20 ans confiance pour continuer la photo ».

Dans le regard soucieux de l’artiste se mesure la vulnérabilité d’un homme qui voit la santé de son épouse, allongée à l’arrière-plan, décliner. La sensibilité de Stephan Vanfleteren aux êtres qui ont vécu n’a pas perdu en trente ans de son intensité. Le plan sur les visages s’est fait simplement plus resserré, le noir et blanc des portraits plus contrasté et la couleur s’est immiscée. Les plus grands noms de la scène culturelle, artistique ou politique de Belgique ou d’ailleurs ont posé et posent pour lui. Les reportages pour le quotidien De Morgan et les travaux au long cours en Belgique ou dans divers pays du monde ont donné lieu à bien d’autres portraits tout aussi marquants par leur intériorité. Le portrait tient une place importante dans le travail de Stephan Vanfleteren. Il domine la production des dix dernières années sans pour autant effacer les autres facettes du travail du photoreporter qu’il fut pendant très longtemps et qui s’énonce chronologiquement avec la même intensité, du Rwanda à l’Afghanistan ou de l’affaire Marc Dutroux aux vieux pêcheurs de la côte belge. On le mesure dans la très belle et ample rétrospective que lui consacre le Fomu. L’itinéraire est dense en récits sur son propre pays. On le suit dans les rues de Charleroi, dans les paysages du plat pays et ses faillites industrielles. On ne perd pas davantage le fil quand les États-Unis s’inscrivent régulièrement dans ses projets. Depuis son installation au bord de la mer du Nord en 2011 et l’aménagement dans sa demeure d’un atelier, nus et portraits d’animaux morts encore gorgés de vie engagent à de nouveaux travaux. La disparition qui menace ou qui s’énonce, thème récurrent, ne se dissocie jamais de l’intensité qui fait une vie. Au dernier étage du musée dévolu à une vaste installation tout aussi réussie de ses archives personnelles, ses portraits de famille n’y échappent pas, y compris son autoportrait en six images réalisé l’an dernier qui le voit seul dans un champ que la neige, progressivement, recouvre jusqu’à effacer de blanc silhouette et terre labourée.

« Stephan Vanfleteren »,
Fomu Foto Museum, 47, Waalsekaai, Anvers (Belgique), www.fomu.be

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : Stephan Vanfleteren : retour sur images

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