Spoerri : révision complète

Foire oblige, les institutions culturelles et les musées bâlois inaugurent massivement leurs expositions en juin, profitant de ce flux touristique de première importance. Le Musée Tinguely ne fait donc pas exception à la règle en proposant la rétrospective d’un des trublions du Nouveau Réalisme, Daniel Spoerri. Ami de Tinguely durant ses premières années parisiennes (tous deux participèrent activement à l’émergence et au succès des Nouveaux Réalistes), il semblait logique de proposer un panorama de la démarche de cet artiste infatigable, aujourd’hui âgé de 71 ans. Vous saurez donc tout
sur cet acharné de l’objet qui depuis le début des années 60 s’emploie à les collectionner et les mettre en scène dans son univers ironique et facétieux. Chose rare, Daniel Spoerri a quitté sa campagne toscane (L’Œil n°525) pour cornaquer cette exposition. L’agencement des Tableaux-pièges, Détrompe-l’œil, Corps en morceaux et autre Musée sentimental devrait donc ressembler à son auteur. D’ailleurs, à l’occasion de cette invitation, la fameuse Chambre n°13, Hôtel Carcassonne du 24 rue Mouffetard Paris 5ème est reconstituée à l’identique.
Cet « environnement-piège » qui a servi à Spoerri de lieu d’exposition, d’atelier et d’entrepôt lors de son installation en France est devenu une pièce d’anthologie, le symbole d’une attitude ambiguë qui fige le réel et laisse s’installer le sentiment et l’angoisse de l’absence. Des tables-natures mortes aux assemblages de bric et de broc, l’artiste nous promène entre un monde banal et quotidien, fait de repas et de chasses au trésor, un univers de bons vivants et une atmosphère fantomatique digne
de la quatrième dimension.