Soutine visionnaire

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 décembre 1998 - 260 mots

Quand bien même on reconnaît assez facilement un tableau de Soutine (1894-1943), notamment à son aspect torturé, il reste que c’est un peintre encore bien mal connu. L’exposition que l’on peut voir actuellement au Los Angeles County Museum of Art, présentée au printemps dernier à New York au Jewish Museum, est l’occasion de mesurer au plus juste ce qu’il en est de son art. Sous le titre générique de An Expressionist in Paris : The Paintings of Chaïm Soutine, celle-ci vise à mettre en évidence les trois grandes séquences d’une œuvre qui naît dans la tradition russe, puis s’invente un vocabulaire formel propre à influencer, enfin, les développements de son époque. Soutine compte au nombre de ces exilés, issus des communautés juives de l’ancien monde slave, qui se sont retrouvés à Paris au début du siècle et qui ont su intégrer très rapidement la scène artistique en la marquant de leur personnalité.
Son art est caractéristique d’une démarche picturale qui ne peut se passer du motif mais qui atteint au sublime parce qu’elle est toute entière possédée par une vision. S’il se limite aux catégories les plus simples et les plus traditionnelles quant au choix des sujets – paysages, natures mortes, portraits –, Soutine développe une œuvre forte de sa mémoire qui connaît successivement une véritable éruption chromatique, puis une rare violence gestuelle, enfin un certain apaisement. Quelque chose d’une énergie existentielle avant la lettre y est à l’œuvre qui érige celle-ci en modèle tant d’une abstraction lyrique qu’expressionniste.

LOS ANGELES, Los Angeles County Museum of Art, jusqu’au 3 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°502 du 1 décembre 1998, avec le titre suivant : Soutine visionnaire

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