À Sète, des tagueurs font l’effet d’une bombe

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 2 novembre 2007 - 343 mots

Quand Hervé Di Rosa découvre New York en juin 1982, la fulgurante vision d’une rame de métro passant à vive allure, totalement recouverte de tags flamboyants, imprime définitivement les rétines du petit Français tout juste débarqué de sa province ensoleillée. La légende veut que le premier tagueur sorti de l’anonymat – Taki 183 – soit un coursier new-yorkais qui, à la toute fin des années 1960, laissait sa signature sur les murs au gré de ses pérégrinations dans l’immense citée, 83 étant tout simplement le numéro de la rue ou il vivait.
De simple signe, signature répétée à l’identique, pratiqué depuis l’Antiquité – les murs de Pompéi en témoignent – le graffiti devient dans les années 1970 la marque identitaire d’une jeunesse nord-américaine en rébellion. Associée au mouvement hip-hop (déformation de hep, être « cool », et hop, « danser ») apparu dans le Bronx, cette contre-culture  essaime rapidement dans les grandes métropoles de la planète. Le mur de Berlin, totalement tagué côté ouest, fut sans doute l’exemple le plus emblématique de ce désir d’inscrire sur une surface son refus du monde tel qu’il est.
Invités par Hervé Di Rosa à peindre les murs, le plafond et le sol de son Musée international des arts modestes (Miam), à Sète, des artistes spécialistes de la bombe ont réalisé une œuvre extraordinairement vivante et colorée. Esmaeil Bahrani, né en  Iran, trace des empreintes épurées, minimales. Maya Hayuk, Américaine de Baltimore, ou le Parisien Alexone, interviennent au contraire avec une belle et chaleureuse violence, et de l’humour en prime. David Ellis, de Brooklyn, le collectif Zonenkinder fondé par deux jeunes Allemands, Nunca et Jonone, nés respectivement à Sao Paulo et à New York, et  quelques autres ont imaginé un monde ou les animaux fabuleux et autres chimères cohabitent avec des univers colorés aux rythmes échevelés.
La révolte peut-être, l’imagination et la force d’expression certainement, font de cette foisonnante exposition une belle démonstration de la vitalité de la peinture en 2007. 

« L’Art modeste sous les bombes », Musée international des arts modestes (Miam), 23, quai Maréchal-de-Tassigny, Sète (34), tél. 04 67 18 64 00, jusqu’au 13 janvier 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : À Sète, des tagueurs font l’effet d’une bombe

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