Sacrés saints !

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 371 mots

Sans les attributs qui permettent de les identifier – qui sont souvent les instruments de leur martyre –, il est difficile de faire une quelconque différence entre un saint Amable, patron de la ville de Riom, et un saint Blaise, évêque de Cappadoce martyrisé avec des peignes de fer. 

Toutes ces sculptures de dévotion provenant d’églises rurales d’Auvergne relèvent d’une même facture sommaire, caractéristique des productions régionales populaires.

Le souci de vérité de la physionomie ou même de respect des proportions n’est en effet pas la préoccupation du sculpteur qui les a taillées. Avant tout, il s’agit de créer une image parlante, qui permette de transformer ces figures de bois polychromes en support d’une dévotion populaire.

Ouvert en 1969, à l’heure où cette société rurale vivait une période de fortes mutations, et conçu sur le modèle du musée Lorrain de Nancy ou du musée Arlaten d’Arles, le musée régional d’Auvergne se consacre depuis cette date à mettre en valeur les arts et les traditions populaires locaux, à travers le costume, l’agriculture et l’artisanat. Collectées pendant près de dix années, parfois par voie de presse, les quelque trois mille pièces qu’il conserve illustrent ainsi les us et coutumes auvergnats appréhendés sous l’angle de l’ethnographie.

La religiosité y tient logiquement une place prépondérante, comme le prouve cet ensemble d’objets de culte réuni par André Douissard (1879-1966). Ancien curé de la petite ville de Mozac (Puy-de-Dôme), ce dernier arpenta la région et put constituer cette collection remarquable de sculptures religieuses, au gré de ses découvertes. Toutes les provenances exactes ne sont malheureusement plus connues aujourd’hui.

Donné au musée en 1960, l’ensemble a pu enfin faire l’objet d’un important travail de nettoyage et de restauration. Plusieurs des sculptures avaient en effet été infestées par des xylophages altérant leur polychromie. Bénéficiant d’une nouvelle scénographie, elles retrouvent désormais tout leur sens au sein de ce musée dédié aux racines de la culture populaire auvergnate. Leur présentation vient aussi rappeler que certains de ces cultes demeurent encore vivaces aujourd’hui, comme en témoigne la dévotion populaire qui existe encore pour certaines Vierges Noires.

« Une vie de Saint ! », musée régional d’Auvergne, 10 bis, rue Delille, Riom (63), tél. 04 73 38 17 31, jusqu’au 1er octobre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Sacrés saints !

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