différents lieux

Rome, et le Giubileo 2000

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 480 mots

Proclamé pour la première fois en 1300 par le pape Boniface VIII, le Jubilée, dans toute la chrétienté, est l’occasion d’une « année sainte ». Autrefois, ce rendez-vous avait lieu tous les 50 ans ; à partir du XVe siècle, il est renouvelé tous les 25 ans. Prochaine échéance : l’an 2000. Date hautement symbolique puisque le nouveau Jubilée, hasard du calendrier, coïncide avec un autre événement, moins religieux mais tout aussi important, qui n’est autre que la soi-disante date de lancement du nouveau millénaire ! Début des festivités à Rome le 24, décembre 1999, par la messe de Minuit et l’ouverture de la Porte Sainte. Clôture officielle le 5 janvier 2001, au matin. Dans l’intervalle, la ville, où l’on attend pas moins de 30 millions de pèlerins, propose un programme exceptionnel de manifestations culturelles : expositions, concerts, colloques, restaurations du Forum et du Colisée, ouverture de nouveaux musées et de nouvelles salles d’exposition réservées à l’art contemporain ; toute une série d’événements, dont le point culminant devrait coïncider avec l’inauguration de la Cité de la Musique confiée à Renzo Piano (malheureusement retardée par des fouilles), et l’ouverture prochaine de l’Église de l’an 2000, construite par Richard Meier dans le quartier de Tor Tre Teste à Centocelle. En juin 1996, à l’issue d’un concours international qui regroupait six finalistes, le Vatican fait appel à l’architecte américain Richard Meier pour la construction de cette église du prochain millénaire. Située à la sortie de Rome, elle occupe un site triangulaire doublement articulé pour séparer, au Sud, l’espace sacré de l’église et, au Nord, les espaces séculaires destinés à abriter les activités culturelles du quartier. La structure du projet repose sur une série de carrés et quatre cercles. L’ensemble implique l’idée de la Sainte Trinité, et se traduit par une progression vers des espaces de plus en plus sacrés : le sanctuaire principal, la chapelle de célébration et le baptistère (chacun disposant de sa propre entrée). La pierre, utilisée pour le portique, le pavement, le revêtement des murs et une partie du matériel liturgique, est faite dans le même matériau que les constructions du quartier environnant. Le souci majeur du bâtiment est sa recherche de la lumière naturelle. Vue de l’entrée, côté est, la façade est un mur vertical de verre, et le toit vitré une gigantesque lucarne qui couvre toute la largeur de l’édifice. À ce propos, Richard Meier raconte qu’au moment de montrer à Jean Paul II la maquette du projet, il fut pris de panique en constatant que la pièce dans laquelle la réunion devait avoir lieu était sinistre. Il arpente pendant deux heures, et dans tous les sens, les couloirs du Vatican à la recherche d’un éclairage suffisant, jusqu’à ce que le Pape, lui-même, trouve la solution : une équipe de télévision pourvue de tout le matériel d’éclairage permettant de saisir la luminosité de cette église de l’an 2000.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Rome, et le Giubileo 2000

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