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Redécouvrir Giotto

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 septembre 2000 - 438 mots

Encore aujourd’hui Giotto peut réserver des surprises. Ainsi le veut la valse des attributions et des datations, discutées et discutables, qui soudain révèlent, mais aussi dévaluent des œuvres d’art. Pourtant, rares sont ceux qui pensaient pouvoir encore admirer de « nouveaux » Giotto. L’exposition organisée à Florence en réserve quelques-uns au visiteur avec des exclusivités, comme plusieurs chefs-d’œuvre presque inconnus ou rarement dévoilés, petits panneaux peints, retables ou encore crucifix appartenant à des collections privées ou des musées étrangers. Le gouvernement italien, jubilé 2000 oblige, a mis les petits plats dans les grands. Il s’agit du plus important rassemblement des créations du maître toscan et de son atelier depuis la dernière grande rétrospective qui remonte tout de même à 1937. L’événement met en lumière l’étonnante prolixité d’un artiste dont on connaît surtout les fresques de Saint-François à Assise et de la Chapelle Scrovegni à Padoue. Deux chantiers, le premier se déroulant entre 1290 et 1295 et le second entre 1303 et 1305, qui ne marquent qu’une étape dans la carrière de cet élève de Cimabue, une carrière conséquente, jalonnée de commandes prestigieuses et qui se prolongea jusqu’en 1337. On a fréquemment tendance à oublier que ce rénovateur de la peinture italienne, célébré de son vivant par les plus grands intellectuels comme Dante, Boccace ou encore Pétrarque qui le compara au mythique Apelle, eut une production d’atelier loin d’être négligeable. Adoptant le procédé classique du parcours chronologique, l’exposition souligne les innovations que ce peintre apporta dans la représentation de l’espace, profond et tangible, et la figuration de l’homme qu’il poussa jusqu’au naturalisme, en opposition à l’idéalisation byzantine. Au-delà de l’évidente modernité du peintre, les deux commissaires insistent, à juste titre, sur l’influence quasiment incontournable de Giotto sur ses collaborateurs. Taddeo Gaddi, Bernardo Daddi, pour ne citer qu’eux, révèlent à travers leurs œuvres l’impact que ce peintre eut rapidement sur toute une génération d’artistes, et ce, à travers toute la péninsule italienne. L’originalité de cette exposition réside dans l’intérêt porté à la période comprise entre 1310 et 1330. Ces deux décennies, récemment décortiquées par des chercheurs et moins connues du grand public, témoignent de la maturité du peintre et surtout de sa volonté de perfectionner ses découvertes. Loin de se cantonner à ses innovations premières, il pousse ses expérimentations sur la mise en espace et le rapport entre la couleur et la lumière comme en témoignent la réunion exceptionnelle de sept panneaux peints entre 1325 et 1330, ayant pour thème la vie du Christ, et le très controversé polyptyque de Baroncelli dont la datation et le caractère autographe donnent des cheveux blancs aux spécialistes.

FLORENCE, Galleria dell’Accademia, jusqu’au 30 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Redécouvrir Giotto

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