Rauschenberg

Combinaisons gagnantes

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 379 mots

Beaubourg présente un moment charnière de l’histoire du xxe siècle quand, grâce à Rauschenberg et sa conception élargie de la peinture, l’expressionnisme abstrait a cédé le pas au Pop Art.

À quatre-vingt-un ans, Robert Rauschenberg est un mythe. L’un des derniers témoins vivants de l’âge d’or de l’art américain, contemporain de Jasper Johns, Cy Twombly, Wilhem De Kooning, Andy Warhol ou Roy Lichtenstein. La liste est interminable.
Toujours vif malgré une attaque qui le cloue depuis plus de deux ans dans un fauteuil roulant, Rauschenberg n’a jamais cessé d’être artiste. Mais ce que l’on connaît surtout de lui est la partie émergée de l’iceberg, celle adoubée par l’histoire de l’art, les fameux Combines.

Les Combines marquent le grand retour du sujet
Les Combines sont au cœur de l’exposition proposée par le Centre Pompidou, après avoir été célébrés à Los Angeles (dont le musée d’Art contemporain est l’initiateur de l’affaire), à New York et avant de partir cet hiver à Stockholm. Autour d’une cinquantaine de pièces majeures créées principalement entre 1954 et 1961, l’exposition événement offre une vision d’ensemble de cette pratique si singulière de la peinture.
Si la seconde partie de sa carrière fut mise à l’honneur l’an dernier par le musée d’Art moderne et contemporain de Nice, c’est bien aux grandes heures qu’on fait toujours référence. À ces années 1950 où le jeune homme suivait les cours prodigués par Josef Albers au fameux Black Mountain College et, à ces rencontres de légende avec le compositeur John Cage et le chorégraphe Merce Cunningham.
Roy Lichtenstein dit de lui qu’il « marqua la fin de l’expressionnisme abstrait et le retour au sujet ». Il fut effectivement un passeur entre la peinture héroïque d’un Wilhelm De Kooning à la frénésie productiviste d’un Andy Warhol. Un rôle qui lui valut d’être estampillé néo-dadaïste, post-duchampien ou proto-Pop sans qu’aucune de ces dénominations ne soit vraiment ajustée à l’hétérogénéité et la
liberté d’expression de ses œuvres.
En travaillant dans cet espace ténu qui sépare l’art de la vie, Rauschenberg a ouvert une voie pour bon nombre d’artistes et de générations. De cette vitalité sont nés les Combines, aujourd’hui fétichisés par les cloches transparentes de protection et religieusement valorisés par le mobilier muséal. Certes un peu retirés de la vie, mais toujours aussi puissamment déstabilisants.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Rauschenberg

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