Distinction

À quoi sert le label « Exposition d’intérêt national » ?

Par Aurélie Baert · lejournaldesarts.fr

Le 22 mai 2015 - 932 mots

PARIS [22.05.15] - Fleur Pellerin, a communiqué la liste des 19 expositions des musées de France qui ont reçu le label « Exposition d’intérêt national » en 2015. Un label peu connu du grand public dont les effets ne sont pas immédiats.

La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a annoncé la liste des 19 expositions des musées de France qui bénéficieront du label « Exposition d’intérêt national » pour l’année 2015. Dans les expositions retenues, on peut citer le Musée des Beaux-Arts de Rennes pour « Gilles Aillaud, 1928-2005 », le Musée de la dentelle de Calais pour « Balenciaga, magicien de la dentelle » et d'autres. (Voir la liste complète).

L’apparition de labels spécifiques au domaine patrimonial français remonte aux années 1980. Si le label « musée de France » est maintenant assez bien connu, le label « Expositions d’intérêt national » l’est moins. Il faut dire que la promotion qu’en fait le ministère est assez limitée : un communiqué de presse et une mention dans la revue des musées de France au niveau du calendrier d’expositions.

Ce label, créé en 1999, a pour dessein de primer chaque année les expositions les plus remarquables organisées par les musées de France hors Paris. Ces « expositions d’intérêt national » s’inscrivent dans le cadre de la politique de diffusion et de démocratisation culturelle menée par le ministère de la Culture et de la Communication. Elles participent également à la politique d’action territoriale et à une meilleure répartition de l’aide de l’Etat entre les collectivités porteuses de projets.

L’attribution du label « Exposition d’intérêt national »
Pour pouvoir prétendre à ce label, le musée doit bénéficier de l’appellation « musée de France » et ses collections ne doivent appartenir ni à l’Etat ni à ses établissements publics. Il existe 1200 « musées de France » répertoriés par le ministère de la Culture.

Chaque année au mois de mai, un appel à projet du label « Exposition d’intérêt national » est lancé par le service des musées de France et est relayé par les directions régionales des affaires culturelles (« DRAC »). Chaque DRAC va émettre des avis sur les dossiers des musées de leur région. Elles transmettent ensuite les dossiers au service des musées de France, le 30 septembre au plus tard, de la même année. Les avis émis sur chaque projet d’exposition prennent en compte les trois points suivants : la dimension scientifique, les publics visés et l’intérêt national. L’effort de médiation et de démocratisation des publics est mis en avant par ce label. En effet, les musées doivent veiller à mettre en place des outils de médiation culturelle en faveurs des enfants ou des publics en difficultés.

Les projets, accompagnés de ces avis, sont examinés et sélectionnés par une commission présidée par la directrice chargée des musées. La commission est soucieuse de respecter un équilibre territorial. Il est rare que plusieurs labels soient décernés dans une même région même si plusieurs expositions auraient pu y prétendre. Une vingtaine de musées sont choisis, le choix final revient au ministre de la Culture.

Quelles sont les répercussions pour les musées labellisés ?
Des subventions sont attribuées aux projets sélectionnés par la direction générale des patrimoines. L’aide financière varie selon les projets, elle est comprise entre 10 000 et 50 000 euros en moyenne. Si cette aide peut paraître conséquente, elle est finalement minime au regard du coût d’une exposition. Dans une période de restrictions budgétaires, cette aide reste tout de même appréciable pour certains petits musées. En 2012, le musée Rolin de la ville d’Autun en Bourgogne a reçu le label « Exposition d’intérêt national » pour « Bologne et le pontifical d’Autun ». La conservatrice en chef du Patrimoine et directrice du Musée d’Autun, Brigitte Maurice-Chabard, indique que le musée avait reçu 20 000 euros pour une exposition qui en a coûté 200 000 euros. Cette aide financière est donc plus symbolique que décisive.

Ce label « Exposition d’intérêt national » apparait comme un outil de valorisation pour les établissements. C’est une caution scientifique vis à vis du public et des professionnels. Brigitte Maurice-Chabard relève que la délivrance de ce label a été « un formidable levier de communication pour le Musée Rolin ». Grâce au label, ils sont parvenus à atteindre la presse nationale et non plus seulement régionale. Les musées distingués peuvent ainsi bénéficier d’une visibilité sur le long terme.

Le label permet également aux musées concernés d’obtenir plus facilement des prêts d’œuvres appartenant aux collections des musées nationaux. Les musées labellisés sont ainsi considérés comme de « bons emprunteurs ». Ainsi, après l’exposition consacrée en 2012 à « Bologne et le pontifical d’Autun », le musée Rolin a pu renouveler son partenariat avec le musée du Louvre en proposant une nouvelle exposition intitulée « De Goya à Delacroix, les relations artistiques de la famille Guillemardet ».

Les enjeux et les limites du label « Exposition d’intérêt national »
La date tardive à laquelle est décerné ce label pose questions. Il est généralement décerné au mois de mai pour des expositions qui ont parfois déjà commencé depuis plusieurs semaines voir plusieurs mois. Quel est l’intérêt de délivrer un label pour une exposition déjà terminée ? Au fond, il va surtout aider le musée à organiser sa prochaine exposition.

Bruno Saunier, conservateur général du patrimoine, constate l’apparition d’un phénomène « d’abonnement » avec des musées labellisés plusieurs années de suite. Il craint que cela fragilise le système et le bien fondé initial du label. Le Muséum national d’histoire naturelle de Toulouse a ainsi obtenu deux fois le label en deux ans.

Légende photo

Logo du Label d'Exposition d'Intérêt Natinoal © Photo Ministère de la Culture et de la Communication

Bibliographie :
Marion Roux-Durand, « Les labels du Patrimoine culturel », La Lettre de L’OCIM, 142/ 2012,28-37.
Frédéric Poulard, « Diriger les musées et administrer la culture », Sociétés contemporaines 2/2007 ( n°66), p 61-78.

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