Qui fut… Moï Ver ?

Paris, publié la même année, est l’autre travail et un ouvrage de référence par sa vision avant-gardiste de la capitale, où le photographe lituanien vécut de 1929 à 1933. La présentation en 2012 par la Fondation Henri Cartier-Bresson de la maquette originale de Ci-Contre avait mis en lumière le troisième grand projet de Moï Ver mené à Paris, et jamais publié. L’acquisition en 2020 par le Musée national d’art moderne de cette maquette débouche aujourd’hui au Centre Pompidou sur une rétrospective de l’œuvre jamais menée, riche en inédits et en révélations multiples sur l’itinéraire d’un homme, dont la vie fragmentée et les différents noms qu’il adopta n’ont pas facilité les recherches des commissaires Julie Jones et Karolina Ziębińska-Lewandowska. Les premières années à Vilnius et à Dessau découvrent ainsi des toiles réalisées sous l’influence de Kandinsky, Klee ou Albers, tandis que la partie consacrée à la Pologne, où il se rend pour visiter sa famille jusqu’en 1939, divulgue son travail sur les kibboutzim, fermes collectives qui préparaient à l’émigration en Palestine. Sont évoquées aussi ses parutions dans des revues pro-sionistes, éditées notamment en Palestine, où Moï Ver s’installe en 1934. Il a alors 30 ans et, derrière lui, cinq années à Paris de créations photographiques de haut vol, dont l’exposition révèle également toute l’ampleur. Le photographe ne s’intéressera plus ensuite qu’à la cohabitation entre Juifs orientaux et pionniers sionistes, avant de retourner à la peinture à partir de 1950.