Quand la Provence se passionnait pour la Grèce

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 27 septembre 2007 - 330 mots

Quand le comte de Choiseul-Gouffier (1752-1817), cousin d’un ministre de Louis XV (le Ie duc de Choiseul), entreprend son premier voyage en Grèce à l’âge de vingt-quatre ans, l’extraordinaire engouement suscité par la découverte récente des ruines d’Herculanum et de Pompéi a profondément fait évoluer les regards portés sur l’Antiquité gréco-romaine.
Le style néoclassique européen prend alors son essor, avec l’ambition de retrouver les formes et l’esprit des modèles antiques. À la différence des artistes inspirés par l’Antiquité dans les époques antérieures, il s’agit de procéder à une analyse rationnelle et scientifique – nous sommes au siècle des Lumières.
L’exposition « La Grèce des Provençaux » éclaire ces nouvelles ambitions en présentant des sculptures et des vases antiques, mais également des peintures, dessins, estampes et manuscrits du XVIIIe siècle provenant des collections d’érudits provençaux réunis autour de la forte personnalité du comte de Choiseul-Gouffier.
Auteur d’un Voyage pittoresque en Grèce paru en 1782, il est nommé deux ans plus tard ambassadeur de France à Constantinople. Il reprend alors la tradition des ambassadeurs mécènes en faisant de son ambassade auprès de la Sublime Porte un centre actif des études grecques et orientales. Entouré d’artistes et de savants, il réunit une riche collection d’inscriptions et de sculptures grecques, dont la fameuse plaque des Ergastines provenant du Panthéon ou un superbe torse d’Apollon Sauroctone (tueur de lézard).
L’exposition ressuscite d’autres figures de curieux et d’érudits provençaux, tels Esprit Calvet (1728-1810), fondateur du musée éponyme, ou le voyageur marseillais Pierre-Auguste Guys (1721-1799). Ils surent collecter avec discernement non seulement des antiquités, mais également de nombreux témoignages d’un Orient méditerranéen intégré à l’Empire ottoman depuis plus de trois siècles. Ainsi, le salon d’été, peint par Jean-Baptiste Hilaire (1753-1822), donne sur une mosquée dominée par son élégant minaret. Ces œuvres préfigurent un mouvement qui brillera durant la première moitié du XIXe siècle : l’école française orientaliste.

« La Grèce des Provençaux au XVIIIe siècle », musée Calvet, 65, rue Joseph-Vernet, Avignon (84), tél. 04 90 86 33 84, www.musee-calvet.org, jusqu’au 5 novembre 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : Quand la Provence se passionnait pour la Grèce

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