Quand Abbott redécouvre Atget

L'ŒIL

Le 1 octobre 1999 - 248 mots

Que saurions-nous d’Eugène Atget si une jeune Américaine éprise de photographie ne l’avait déniché au fond de sa retraite ? En cette année 1926, Atget arrive au terme d’une existence de misère. Son travail sur Paris et sa banlieue demeure largement ignoré. Les commandes, surtout celles des peintres Derain et Utrillo œuvrant d’après ses clichés, se font rares. Les collections des musées le boudent. Bizarrement, ce sont les surréalistes qui, les premiers, vont découvrir chez Atget cette réalité décalée qui va fasciner tant de ses futurs collectionneurs. Man Ray le premier achète ses tirages, puis le présente à son assistante, Berenice Abbott, débarquée de son Amérique natale pour se frotter au florissant monde des arts de Montparnasse. Quand elle rencontre le vieux photographe, malade, désabusé, celui-ci vient de perdre son épouse, qui était aussi sa laborantine. Abbott va alors racheter une grande partie de ses plaques de verre originales. Pour Atget, cette manne inattendue arrive trop tard : il meurt en 1927 et ne verra pas comment l’Amérique saura, bien avant la France, l’honorer et le resituer dans l’histoire de la photographie. Très impressionnée par la démarche méthodique d’Eugène Atget, Berenice Abbott abandonnera provisoirement le portrait pour se consacrer à l’observation de la construction des gratte-ciels et à la transformation de la ville de New York en métropole – ou, comme l’écrivait Céline, en « ville debout ». Le Musée Carnavalet présente une confrontation des itinéraires parisiens et new-yorkais des deux artistes.

PARIS, Musée Carnavalet, 14 octobre-16 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Quand Abbott redécouvre Atget

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