Art contemporain

Printemps de septembre : comme un air de famille...

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 29 septembre 2008 - 394 mots

Après la dernière édition qui avait pris les chemins de traverse avec deux jeunes commissaires inconnus (Marie-Frédérique Hallin et Thierry Leviez) doublés d’un collectif hirsute (les Autrichiens azimutés de Gelitin), le Printemps de septembre renoue avec le prestige.

Il s’est choisi Christian Bernard pour chapeauter deux éditions. Et il amène avec lui sa fidélité. Dans la sélection qui fait fi des générations et des écoles plastiques, ce printemps automnal recueille le fruit de l’expérience du commissaire à la direction du Mamco et s’accorde au leitmotiv du maître : pas de thématique.
Au musée des Abattoirs, John M. Armleder jouera ainsi avec les collections des musées de la ville tandis qu’un autre Suisse, Fabrice Gygi, emplira la nef d’une installation menaçante, directement inspirée de l’ancienne fonction des lieux. Quant à Vincent Lamouroux, il prendra à bras-le-corps l’énorme fosse grâce à des bulles transparentes gonflées à l’hélium, mais on n’en sait pas plus pour l’instant. Ces trois artistes ont pour point commun d’avoir réussi des propositions monographiques ambitieuses sous la houlette de Christian Bernard à Genève (lire L’œil n° 605). Ce savoir-faire affirme d’ores et déjà la valeur de cette édition. Alain Bublex a répondu présent avec une sculpture-espace, tout comme Éric Hattan à l’école des beaux-arts, ou Sylvie Fleury, aux commandes d’une navette spatiale, ce sont eux également des fidèles.
Mais la force de ce festival tient aussi au nombre important de productions qu’il suscite. Pourtant, c’est une redite qui fera événement, et on ne s’en lasse pas, surtout dans le cadre prestigieux du réfectoire des Jacobins. Forty-Part Motet (2001), certainement l’un des chefs-d’œuvre de cette décennie, signé par la Canadienne Janet Cardiff, déploie quarante haut-parleurs et qui chacun relaie chacun une seule des voix de la pièce de la Renaissance anglaise, Spem in Alium, écrite en 1573 par Thomas Tallis. Cette expérience rare d’écoute, d’imprégnation musicale, est un vrai cadeau fait au public français, l’installation impressionnante n’ayant été vue, en Europe, qu’à Turin, Liverpool et Barcelone.
C’est le genre de plaisir qu’on ne peut bouder et qui donne déjà son caractère exceptionnel à la cuvée 2008 de ce Printemps, avant même d’en découvrir les artistes et les propositions, de Botto e Bruno, Claude Lévêque, Denis Savary, Stéphane Dafflon, Maud Fässler ou Lara Almarcegui.

A voir

« Là où je vais, je suis déjà », Printemps de septembre, Toulouse (31), www.printempsdeseptembre.com, jusqu’au 19 octobre 2008.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : Printemps de septembre : comme un air de famille...

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