Prendre le temps

Cet édifice compose, avec le conservatoire régional de musique auquel il est uni par une élégante toiture paysagère, la Cité des arts, vaste complexe habillé de « pixels » de bois et de verre qui semble avoir été charrié par le Doubs à l’endroit même d’un ancien mur de fortification de Vauban.

Pour cette exposition inaugurale, Sylvie Zavatta a naturellement choisi le thème du temps, qui constitue le fil conducteur de la collection dont elle a la charge depuis 2006. Sous un titre abscons dont elle aurait pu faire l’économie (« Des mondes possibles »),  la directrice a pris soin de donner une image représentative de la collection, en mariant artistes reconnus (comme Robert Breer dont plusieurs œuvres sont exposées) et « confidentiels », plasticiens étrangers et français (quand ils ne sont pas du cru, à l’instar de Mathieu Herbelin, né à Besançon). Autant le dire, tout ne se vaut pas : on s’ennuie devant la série de portraits de Suzanne Lafont (L’Argent, 1991) ou devant l’installation au propos peu convaincant de Richard Baquié (FIXER, 1994). Mais on jubile littéralement devant 69, film historique de Breer (1968), ou devant La Vague, photographie de Balthasar Burkhard (1995). Comme souvent, il faut donc faire son « marché », définir son propre parcours dans l’exposition, comme celui qui, du Planning 3/8 de Beggs, Norman et Tixador, au Yesterday des Beatles sifflé par Georgina Starr, en passant par La Voiture Meunier-Béraud d’Alain Bublex, parle du temps de l’artiste à l’œuvre. Et, finalement, prendre soi-même le temps, d’apprécier.