Pourcher, pour sûr

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 novembre 2008 - 277 mots

À l’écart de toutes les rumeurs ambiantes et de toutes les cacophonies médiatiques, Jacques Pourcher mène depuis près de vingt ans un travail de peinture à la gouache sur papier d’une rigueur et d’une profondeur sans pareil.

Un travail laborieux au meilleur sens du terme, qui puise ses sources dans la passion de l’artiste pour la musique moderne la plus radicale. Une œuvre rare qui en appelle à la contemplation et à un rapport au temps dans son étendue, son infinitude et son ampleur.
Sa dernière livraison, toute en jeux graphiques de cercles, de trames, de traits et de compositions puissamment rythmées, est un hommage à Giacinto Scelsi (1905-1988), l’un des premiers à écrire de la musique dodécaphonique et l’une des figures les plus prospectives de la musique contemporaine. Après s’être longtemps intéressé aux œuvres de John Cage, Pourcher trouve dans celles de l’Italien l’occasion de pousser encore plus avant ses recherches plastiques.
Sa façon si personnelle d’établir des ponts entre l’univers du son et le monde des formes, de scruter l’infiniment petit pour atteindre à l’infini relève de la même attitude que celle qui animait le musicien. « Le son est le premier mouvement de l’immobile », disait-il, ajoutant : « C’est là le début de la création. » Quelque chose d’une semblable quête motive Jacques Pourcher, dont les œuvres s’offrent à voir comme un éloge du silence quand celui-ci s’abîme dans un écho sans fin. Quelque chose d’une pensée zen qui fonde aussi l’art de Scelsi.

Voir

« Jacques Pourcher - Via San Teodoro 8, Roma », galerie Olivier Nouvellet
19, rue de Seine, Paris VIe
tél. 01 43 29 43 15
jusqu’au 20 décembre 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°608 du 1 décembre 2008, avec le titre suivant : Pourcher, pour sûr

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