Florence

Pontormo et Rosso, "florentins et européens"

Des chefs-d’œuvre, de l’inédit, et de nouvelles suggestions critiques…

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 414 mots

Les expositions consacrées à Pontormo et à Rosso sont placées sous le signe de la mesure. Nuls rassemblements pléthoriques de chefs-d’œuvre, mais plutôt de petites sélections, offrant la splendeur de quelques œuvres éminentes, le plaisir de l’inédit, et de nouvelles propositions critiques.

Florence - L’exposition de Volterra, consacrée à Rosso Fiorentino à la Pinacothèque communale jusqu’au 20 octobre, est dans cette perspective. La fascination de la Déposition de croix, le presque inédit du Retable de Villamagna, les difficultés que posent l’Eléazar au puits de Pise et le Moïse défendant les filles de Jéthro des Offices, l’émotion de se trouver avec Peter de Witte, dit Pietro Candido, au cœur même de la vraie peinture – tels sont les trésors de cette exposition.

La présentation proposée par la commune d’Empoli pour célébrer Pontormo – au couvent des Augustins, jusqu’au 11 décembre – est du même genre, même si les œuvres sont plus nombreuses et la réflexion critique plus complexe. Jacopo Carrucci, dit Pontormo, est un enfant du pays, né à Pontormo, petit bourg rural sur la route de Florence, dont l’église paroissiale conserve les panneaux célèbres de Saint Michel Archange et de Saint Jean l’Evangéliste, apogée de l’artiste après le Retable Pucci.

Les saints de Pontormo, renforcés par les dessins préparatoires conservés à Lille et aux Offices, constituent l’un des deux pôles majeurs de l’exposition mise en scène par Mauro Linari. L’autre est la Trinité de la Calza, œuvre de Jacopo Chimenti datée de 1579.

L’exposition se déploie à partir de ces deux bases, son propos fondamental étant de démontrer l’influence de Pontormo sur Empoli, et donc le lien qui rattache la première "manière" florentine à la peinture "réformée" de la fin du siècle. Au lieu de donner une interprétation "dramatisée" de Pontormo, la responsable de l’exposition – Rosanna Proto Pisani, de la surintendance aux Biens artistiques et historiques de Florence – a préféré mettre en lumière le parcours, difficile mais jamais interrompu, qui relie, à cinquante ans d’intervalle, le classicisme introspectif et douloureux du premier Pontormo à la peinture "dévote et naturelle" d’Empoli.

Les œuvres présentées – depuis la fresque de la chapelle San Luca à la Santissima Annunziata jusqu’à la Madone à l’Enfant du Musée de San Salvi – permettent de comprendre comment Pontormo est parvenu finalement à ces chefs-d’œuvre "à la fois florentins et européens, miracle d’équilibre entre Michel-Ange et Dürer", selon l’heureuse formule de L. Berti.

Volterra, Pinacothèque communale

"Rosso Fiorentino", jusqu’au 20 octobre. Empoli, couvent des Augustins, "Pontormo", jusqu’au 11 décembre 1994.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Pontormo et Rosso, "florentins et européens"

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