Art contemporain

Avignon (84)

Pignon-Ernest, génie du lieu

Palais des papes - Jusqu’au 29 février 2020

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 28 août 2019 - 325 mots

Convié par Cécile Helle, maire d’Avignon, à présenter une rétrospective de son œuvre au Palais des papes, Ernest Pignon-Ernest dit avoir balancé entre enthousiasme et réticence.

On comprend son enthousiasme : « Picasso, influence décisive » l’y a précédé en 1970 et 1973, et le Vaucluse a accueilli ses premières œuvres in situ contre un projet nucléaire sur le plateau d’Albion en 1966 ou en réaction, six ans plus tard, à un ballet consacré à Maïakovski, dans le cadre du festival. Cette double raison d’accepter l’invitation se lit d’ailleurs à l’orée de l’exposition, dans une photographie prise à Hiroshima, et dans les œuvres de jeunesse sur papier, peintes pendant son service militaire en Algérie, et très empreintes de l’héritage du maître catalan. L’artiste a pourtant bien failli décliner l’offre. Pour justifier ses réticences, il évoque un calendrier électoral impliquant de faire vite, quitte à bousculer son propre agenda, déjà bien occupé par un projet à Port-au-Prince en hommage au poète haïtien Jacques-Stephen Alexis. Et puis la monumentalité du lieu réclamait, selon lui, une intervention spécifique, capable d’en donner la mesure. Cette hésitation se lit dans « Ecce Homo ». Fidèle à la commande, l’exposition offre une rétrospective, globalement chronologique, dont Pignon-Ernest et la Galerie Lelong ont fourni la matière essentielle. Quatre cents études, croquis, dessins préparatoires, photographies et sérigraphies originales y soulignent les caractéristiques d’un travail déployé sur près de cinquante ans et marqué par l’obsession pour le corps humain, ou encore le souci de « faire œuvre des situations », en révélant l’épaisseur des lieux via l’entrelacement de références historiques, picturales, littéraires ou mythologiques. Liant approche politique de l’espace et amour des poètes, « saints » laïcs rassemblés en une galerie de portraits à la fin de l’exposition, ce parcours recèle quelques pépites, dont une sérigraphie originale de Rimbaud retrouvée récemment. Il est pourtant lesté par une scénographie qui cherche à recréer les conditions de l’in situ, et qui s’avère d’autant plus artificielle que les œuvres présentées sont des merveilles de contextualité.

« Ernest Pignon-Ernest, Ecce Homo »,
Palais des papes, place du Palais, Avignon (84), www.palais-des-papes.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Pignon-Ernest, génie du lieu

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