Pierre Ardouvin fait de la résistance

Des fleurs kitsch sur chevalets dans des halos de douches de lumière. Drôle de scène pour entonner le refrain, « Prouve que tu existes », d’une chanson pop très datée (Résiste, de France Gall, paroles de Michel Berger), qui sonne comme un blasphème sous le toit d’une chapelle – aussi désacralisée soit-elle. Vœux à volonté, le titre de la série de compositions florales, reproductions agrandies de cartes de Nouvel An, laisse entendre que l’on pourrait peut-être se trouver ici à découvert, quand on se croyait en terrain familier. D’ailleurs, selon la façon dont on l’envisage, on ne sait si cette façade de caravane campe un décor – bucolique, sordide ? – ou si elle figure, hublots grands ouverts, un masque à l’expression maussade et figée. Avec Pierre Ardouvin, tout semble évident, rien n’est jamais simple. Les références se télescopent, musique populaire et ready-made, théâtre et guinguette, Beckett et Lynch, les associations d’idées se bousculent, l’ordinaire se charge d’étrangeté. Les occasions sont rares de voir le travail de cet artiste dont les expositions et les installations in situ, du Musée d’art moderne de Paris (2005) à la Nuit blanche (2011), en passant par le Mac Val (2016), parviennent avec une grande économie de moyens et des dispositifs affutés à suggérer des fictions. Tantôt drôles, tantôt sinistres, elles rendent son œuvre très attachante. Ajoutons que c’est la dernière exposition avant longtemps organisée par Le Carré dans la chapelle du Genêteil, qui devra bientôt fermer pour travaux.