Perec, art contemporain mode d’emploi

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 août 2008 - 363 mots

Exactement contemporaine de la fondation du « Nouveau Réalisme » en 1960, celle de l’Ouvroir de littérature potentielle – dit l’Oulipo – est à mettre au compte d’une aventure littéraire qui s’est illustrée sous le label de « Nouveau Roman ».

Au cœur de celle-ci, le nom de Georges Perec (1936-1982) apparaît au fil du temps comme l’un des plus importants. L’auteur de Les Choses (1965), plus tard du Cabinet d’amateur (1979) l’est aussi d’un véritable monument, La Vie mode d’emploi (1978).
Judicieusement, le musée des Beaux-Arts de Nantes s’est saisi du trentième anniversaire de la publication de cet ouvrage pour offrir une lecture « perecquienne » de l’art contemporain de ces quarante dernières années. Intitulée « Regarde de tous tes yeux, regarde », l’exposition dont le commissariat a été confié à Jean-Pierre Salgas, enseignant et critique d’art, est une façon de regarder la création contemporaine à l’aune de critères moins attendus que d’habitude. Celui-ci a en effet repris à son compte les quatre grandes interrogations qui fondent la démarche de l’écrivain telles qu’il les avait énoncées dans ses Notes sur ce que je cherche (1978).
S’appuyant donc sur le sociologique, l’autobiographique, le ludique et le romanesque, Salgas a rassemblé les œuvres de quelque soixante-dix artistes, toutes générations et tendances confondues. Le jeu en vaut la chandelle tant la classification de Perec s’avère parfaitement adaptable au champ de l’art contemporain. Ce faisant, si démonstration il y a, elle repose sur le fait que l’art contemporain est une matière pleinement vive et malléable.
L’intérêt d’une telle exposition est de croiser les démarches des uns et des autres – celle de Morellet avec celle de Closky, de Garnell avec Lavier, par exemple – pour en faire éclater les connivences. Il y va comme d’une sorte de leçon de l’art contemporain comme on pouvait parler jadis de leçon de choses. Enfin, l’idée de convier Ernest T. à réunir un « cabinet d’amateur » dans la salle blanche du musée ne manque évidemment pas d’esprit perecquien.

« Regarde de tous tes yeux, regarde. L’art contemporain de Georges Perec », musée des Beaux-arts, 10, rue Georges-Clemenceau, Nantes (44), tél. 02 51 17 45 00, jusqu’au 12 octobre 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Perec, art contemporain mode d’emploi

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